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Depuis l'invasion de l'Ukraine, la Russie utilise une "flotte fantôme" de pétroliers anonymes pour contourner les sanctions. Ces navires, souvent vétustes, livrent du pétrole dans le monde entier, notamment en Chine et en Inde. Malgré les efforts occidentaux pour enrayer ce commerce, la Russie maintient ses revenus pétroliers grâce à cette stratégie opaque.

Depuis l’invasion de l’Ukraine et l’instauration des sanctions occidentales, la Russie exploite les lacunes du commerce maritime international pour écouler son pétrole. Moscou utilise une « flotte fantôme », composée de centaines de pétroliers opérant dans l’ombre, souvent sans assurance ni traçabilité, et sous des pavillons de complaisance, échappant ainsi à la surveillance. Ce phénomène, bien que déjà observé avec l’Iran ou le Venezuela, a connu une expansion significative depuis 2022 avec la Russie, qui en est devenue le principal acteur.

L’objectif de cette stratégie est de contourner les sanctions économiques en livrant des hydrocarbures à des acheteurs volontaires, notamment la Chine et l’Inde, ou en « blanchissant » le pétrole pour en dissimuler l’origine avant sa revente sur le marché mondial. Selon un amiral français, cette flotte pourrait compter près de 900 navires, tandis que l’Atlantic Council estime qu’environ 1 400 vieux navires russes sont en circulation, représentant 11 % de la flotte mondiale de pétroliers d’ici 2025. La Russie aurait investi près de 10 milliards de dollars pour développer cette flotte.

Malgré les sanctions, incluant un plafonnement des prix à 60 dollars le baril, la Russie est parvenue à maintenir ses exportations de pétrole. Ses revenus pétroliers n’auraient diminué que de 14 % en 2024, passant de 512 à 441 millions d’euros. Le Kremlin recourt à des sociétés écrans, souvent basées aux Émirats arabes unis, en Inde ou en Asie, et effectue des transferts de pétrole en haute mer pour brouiller les pistes. Ces navires, souvent vétustes et mal assurés, représentent également des risques écologiques.

Face à cette situation, l’Union européenne a renforcé ses mesures en adoptant un 17e paquet de sanctions, ciblant désormais directement la flotte fantôme. Le 10 janvier 2025, le Trésor américain a également visé 183 navires impliqués dans le commerce énergétique russe, ce qui a réduit la capacité active de cette flotte de 46 %. Cependant, la Russie continue de s’appuyer sur des pétroliers traditionnels pour ses exportations. L’UE intensifie ses efforts pour démanteler ce réseau, cherchant à bloquer les voies par lesquelles le pétrole russe, même raffiné dans des pays tiers, parvient sur le marché européen.