
Depuis avril, le Royaume-Uni a mis fin à son statut fiscal de « non domicilié » (« non dom »), vieux de plus de deux siècles. Ce régime permettait aux personnes fortunées résidant au Royaume-Uni, mais non domiciliées fiscalement, d’être exonérées d’impôts sur leurs revenus étrangers non rapatriés. Historiquement, ce statut a fait de Londres une place financière de premier ordre, attirant l’élite mondiale. Le gouvernement britannique espère augmenter ses recettes fiscales grâce à cette réforme, mais elle pourrait aussi entraîner une fuite importante de capitaux et de talents.
En 2023, près de 74 000 bénéficiaires profitaient de ce statut. Leur contribution à l’économie londonienne s’étendait au-delà des impôts sur le revenu, incluant la consommation de luxe, l’investissement immobilier et les frais de scolarité. Pour adoucir la transition, une exonération de quatre ans sur les revenus étrangers est prévue pour les nouveaux arrivants. Passé ce délai, tous les résidents seront imposés sur l’ensemble de leurs revenus mondiaux. Le gouvernement prévoit ainsi une recette fiscale additionnelle de 3,2 milliards de livres par an (environ 3,7 milliards d’euros).
Cependant, les prévisions ne sont pas toutes optimistes. L’Adam Smith Institute estime que jusqu’à 30 % des « non dom » actuels pourraient quitter le Royaume-Uni, ce qui engendrerait une perte de capital humain et financier considérable. Le Henley Private Wealth Migration Report 2025 anticipe même le départ de 16 500 millionnaires en 2025. Cette situation est d’autant plus préoccupante que Londres recule chaque année dans le classement Forbes des villes comptant le plus de milliardaires, une tendance observée depuis le Brexit.