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L'Europe doit repenser sa politique commerciale face au protectionnisme de Trump et aux pratiques de dumping. L'instauration de droits de douane pour compenser la pollution du transport et le dumping social/environnemental est cruciale pour l'économie et la planète.

Face à la montée du protectionnisme, notamment sous l’impulsion de Donald Trump, l’Europe se trouve à un carrefour commercial critique. Si l’Union européenne ne réévalue pas sa doctrine du libre-échange, elle risque un désastre social et industriel, sans bénéfice environnemental. La logique nationaliste et fluctuante de Trump, qui fixe les droits de douane en fonction des excédents bilatéraux avec les États-Unis, doit être contrée par des principes universalistes et prévisibles.

Les droits de douane peuvent être justifiés par les pollutions spécifiques du transport international de marchandises, qui représentent environ 7 % des émissions mondiales. Les économistes estiment désormais le coût des émissions à environ 1 000 euros la tonne, en raison de l’aggravation du réchauffement climatique. À cette valeur, des droits de douane moyens de 15 % sur les flux commerciaux mondiaux seraient nécessaires pour compenser le réchauffement lié au fret, avec des variations selon les marchandises. Le Parlement européen a d’ailleurs adopté une réforme pour inclure le transport maritime dans le système d’échange de quotas d’émission (SEQE) dès 2024, imposant une surtaxe carbone aux chargeurs européens.

La seconde justification majeure des droits de douane est le dumping social, fiscal et environnemental. Ce phénomène se produit lorsque certains pays appliquent des règles moins strictes, permettant à leurs producteurs d’évincer la concurrence étrangère. La Chine, par exemple, représente 30 % des émissions mondiales, dont 20 % sont liées à ses exportations. En se basant sur un coût de 1 000 euros la tonne de carbone, des droits de douane moyens de l’ordre de 80 % seraient nécessaires sur les exportations chinoises pour compenser ce coût environnemental. Si l’on ne considère que les émissions nettes exportées (environ 10 % des émissions chinoises), on aboutirait à des droits de douane d’environ 40 %. L’Union européenne a récemment approuvé l’imposition de droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques chinois afin de contrer les subventions massives et les pratiques déloyales.

Ces mesures visent à protéger l’industrie européenne face à une concurrence jugée inéquitable et à inciter à des pratiques plus durables à l’échelle mondiale.