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Un rapport de Technologia révèle que les conditions de travail chez EuropaFi ont « très probablement conduit à une déstabilisation progressive » d'un salarié décédé, mettant en lumière des risques psychosociaux persistants au sein de cette filiale de la Banque de France. C'est le troisième suicide en deux ans dans cette direction. [7]

Un rapport du cabinet Technologia, rendu public par la CGT le jeudi 24 juillet, estime que les conditions de travail au sein d’EuropaFi, la filiale de la Banque de France spécialisée dans la production de papiers sécurisés, ont « très probablement conduit à une déstabilisation progressive » d’un salarié qui s’est suicidé en novembre 2024. Ce drame est le troisième suicide en moins de deux ans au sein de cette même direction.

Les experts de Technologia soulignent que « la situation de l’entreprise est propice aux risques psychosociaux ». Ils ajoutent que, malgré certains efforts, le repérage et le traitement de ces risques restent « largement insuffisants », une déficience illustrée par la chronologie du cas du salarié décédé.

L’agent de maîtrise, qui travaillait à l’atelier de maintenance électrique de l’entreprise à Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme) et qui emploie 283 personnes, s’était donné la mort il y a près de neuf mois sans laisser d’explication. Hugo Coldeboeuf, représentant de la CGT-Banque de France, affirme que le salarié a « subi un calvaire professionnel pendant deux ans ». La CGT du site, forte de 80 % des voix aux élections professionnelles, a immédiatement tenu l’employeur pour responsable de cette tragédie.

Ce rapport fait écho à de précédentes alertes et à un historique de suicides au sein de la filière fiduciaire de la Banque de France. En juin 2023, deux autres salariés de la direction générale des moyens de paiement (DGMP), dont dépend EuropaFi, s’étaient également donné la mort, l’un dans le Nord et l’autre en Seine-Saint-Denis. Un des salariés avait explicitement incriminé son employeur dans une lettre, mentionnant la « maltraitance et RPS (risques psychosociaux) ».

La Banque de France, de son côté, avait contesté la pertinence d’une expertise externe et avait même engagé une procédure judiciaire pour tenter de bloquer l’enquête du CSE, sans succès. Elle a cependant mis en place une enquête paritaire pour examiner l’existence de facteurs professionnels dans ce drame, tout en insistant sur le respect des personnes et des faits, et en dénonçant une possible instrumentalisation du drame par les syndicats.