
Cinquante ans après la mort de Francisco Franco, une partie de la jeunesse espagnole montre une indulgence surprenante envers les trente-six années de dictature franquiste. Des enquêtes menées auprès de lycéens révèlent des opinions nuancées, voire positives, contrastant avec la mémoire historique officielle. Un lycéen estime que le Franquisme fut « positif, parce qu’il a construit de nombreux barrages, des aéroports et des lignes de chemin de fer ». D’autres, tout en reconnaissant les « très mauvaises choses » commises par Franco, soulignent des aspects perçus comme bénéfiques, tels que la création de la Sécurité sociale ou la construction de routes.
Cette vision clivée est illustrée par les résultats d’un questionnaire administré à des élèves de 14 à 17 ans à Valladolid : dix considèrent la période comme clairement positive, dix évoquent des aspects positifs et négatifs, et seize seulement la condamnent fermement. Ce phénomène s’expliquerait en partie par des connaissances fragmentaires sur la dictature, favorisées par les réseaux sociaux qui diffusent des « mythes du franquisme », mettant en avant la prospérité économique et les infrastructures.
Le parti d’extrême droite Vox, accusé d’être nostalgique du franquisme, gagne du terrain auprès de cette jeunesse. Sa rhétorique, qui utilise des éléments franquistes, résonne auprès d’une partie de la population et notamment chez les jeunes qui ont moins de souvenirs directs de cette période autoritaire. Un sondage récent indique que 26 % des jeunes hommes espagnols (18-26 ans) préfèrent l’autoritarisme à la démocratie « dans certaines circonstances », un chiffre qui descend à 18 % chez les jeunes femmes. Cette perte de confiance dans le système démocratique traduit un mal-être généralisé de la génération Z en Espagne.
Face à cette tendance, des professeurs d’histoire s’efforcent d’enseigner ce que fut réellement le franquisme, en soulignant la répression féroce et l’absence de libertés publiques qui ont marqué cette période. La dictature franquiste, fondée sur une idéologie nationale-catholique et autoritaire, a notamment eu recours aux travaux forcés, où des milliers de prisonniers politiques républicains ont été exploités pour la construction de grandes œuvres, comme le Valle de los Caídos.






