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L'épargne salariale a atteint un record de 200 milliards d'euros en 2024, mais les nouveaux motifs de déblocage anticipé, comme l'achat de véhicules propres ou la rénovation énergétique, peinent à séduire, représentant moins de 1,5% des retraits. Les conditions strictes de déblocage pour le proche aidant sont particulièrement critiquantes. [2, 3]

En 2024, l’épargne salariale a atteint un montant record de 200 milliards d’euros. Malgré ce chiffre impressionnant, une part significative des fonds, soit 36 % des 166 milliards d’euros placés dans les fonds d’épargne entreprise et interentreprise, a été retirée avant l’échéance de cinq ans. Traditionnellement, le déblocage anticipé est autorisé pour une dizaine de situations spécifiques, telles que le mariage, la naissance d’un troisième enfant ou l’acquisition d’un logement principal.

Depuis l’entrée en vigueur du décret du 6 juillet 2024, de nouvelles possibilités de déblocage anticipé ont été introduites, incluant l’achat d’un véhicule propre, la réalisation de travaux de rénovation énergétique pour son logement ou l’assistance à un proche aidant. Cependant, ces nouveaux motifs peinent à trouver leur public. Selon l’Association française de la gestion d’actifs (AFG), qui compile les données des sociétés d’investissement, ces trois nouvelles catégories ont représenté moins de 1,5 % des sommes débloquées en avance en 2024.

Le nombre de demandes associées reste également faible, plafonnant à 1,4 % du total pour l’ensemble du marché. Chez Groupama, un acteur majeur de l’épargne salariale auprès des petites et moyennes entreprises, ce chiffre est même inférieur à 1 %. Jean-Christophe Benzo, directeur général de Groupama Épargne Salariale, souligne que « cette part se situe très nettement en dessous de celle des autres cas de déblocage ».

Les chiffres illustrent ce faible engouement : sur 11 millions de bénéficiaires de plans d’épargne entreprise et interentreprise en 2024, seulement 4 800 ont utilisé leurs fonds pour l’acquisition d’un véhicule non thermique, et 3 700 pour des travaux d’isolation énergétique. Le motif de proche aidant a attiré encore moins de demandes, avec seulement 500 dossiers, qualifié de « niveau epsilonesque » par Nicolas Villet, directeur des opérations chez Cardif, une filiale de BNP Paribas.

Marielle Cohen-Branche, médiatrice de l’Autorité des marchés financiers (AMF), exprime ses préoccupations concernant les conditions restrictives de déblocage pour le proche aidant, craignant qu’elles ne soient dissuasives. Neuf mois après la mise en place de ces nouveaux motifs, la médiatrice a déjà été sollicitée pour des interventions liées à ces déblocages anticipés, principalement pour résoudre des litiges entre gestionnaires d’actifs et épargnants.