
En cette rentrée de septembre, les Français naviguent dans un climat d’incertitude économique et politique. La décision du Premier ministre de solliciter un vote de confiance le 8 septembre, la perspective d’une chute du gouvernement, et les coupes budgétaires à venir sont autant de facteurs qui alimentent la prudence des ménages dans leurs décisions d’achat et d’investissement. Selon Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, cette incertitude est « jamais bonne pour la consommation » et se transforme rapidement en inquiétude sur le niveau de vie.
Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas, observe que l’inquiétude s’est « encore accrue » et que l’économie est plongée dans une « bulle de pessimisme ». Cela pousse les Français à épargner davantage par précaution. Le taux d’épargne des ménages a ainsi progressé de 0,3 point au cours des trois derniers mois, atteignant 18,9 %, un niveau inédit depuis le début des années 1980.
Rien ne suggère une baisse de ce niveau d’épargne dans les mois à venir, même si la période entre la rentrée scolaire et les fêtes de fin d’année est habituellement propice à la consommation. Philippe Crevel, président du Cercle de l’Épargne, confirme que les ménages « diffèrent leurs dépenses importantes et épargnent les gains de pouvoir d’achat dont ils peuvent bénéficier ». Il ajoute que la dégradation des comptes publics, avec la crainte d’une hausse des impôts ou d’un ralentissement de la croissance, ainsi qu’une réduction des prestations sociales, constitue un facteur propice à cette prudence.
Cette prudence structurelle des ménages est nourrie par une succession de chocs macroéconomiques (Covid, guerre en Ukraine, inflation) et les tensions géopolitiques. Le vieillissement démographique joue également en faveur de l’épargne, les Français cherchant à constituer un complément de revenus pour leur retraite.