
Ces derniers mois, plusieurs fleurons de l’industrie française, fragilisés par des difficultés économiques, sont passés sous pavillon chinois, soulevant des interrogations quant à la souveraineté industrielle de la France. En avril, Vencorex, entreprise spécialisée dans la chimie et implantée près de Grenoble, a été partiellement rachetée par le groupe chinois Wanhua, via sa filiale hongroise BorsodChem. Cette acquisition, validée par le tribunal de commerce de Lyon, s’est faite malgré l’opposition des salariés et d’élus locaux qui privilégiaient une reprise en coopérative . La décision a été qualifiée de « terrible nouvelle » par certains, bien que le ministre de l’Industrie ait assuré qu’il n’y avait « aucun problème de souveraineté » concernant les activités stratégiques de Vencorex, les approvisionnements alternatifs ayant été sécurisés .
Le mois de mai a été marqué par deux autres acquisitions majeures. L’équipementier automobile GMD, qui compte une quinzaine d’usines en France et fournit des constructeurs comme Renault et Stellantis, a été racheté par la société chinoise DSBJ, spécialiste des circuits imprimés . GMD, en proie à des dettes importantes, est un acteur majeur du secteur automobile français, avec près de 7 000 salariés dans le monde . DSBJ s’est engagé à maintenir l’intégralité des usines et des emplois pour une durée allant jusqu’à 24 mois .
Enfin, Safra, l’unique constructeur français d’autobus à hydrogène, basé dans le Tarn, a été repris par le groupe chinois Wanrun, un fabricant de batteries et d’autobus électriques. La décision du tribunal de commerce d’Albi, rendue le 20 mai, a permis de préserver 120 emplois sur 169 . Ces entreprises, bien que représentant des secteurs industriels clés – la chimie, l’automobile et l’énergie – étaient toutes en difficulté, surendettées ou en redressement judiciaire au moment de leur reprise. Ces opérations successives posent la question d’une potentielle offensive de la Chine sur des entreprises françaises stratégiques, capitalisant sur leurs vulnérabilités.