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La réforme de l'électricité introduite par le gouvernement, remplaçant l'ARENH, menace d'augmenter les factures jusqu'à 19% selon l'UFC-Que choisir, créant une énergie à deux vitesses.

Face à des factures d’électricité qui crèvent le plafond et à une précarité énergétique touchant 7 millions de personnes, il est temps de constater l’échec d’un modèle. Vingt années de libéralisation agressive du secteur de l’énergie n’ont généré ni la baisse des prix tant attendue, ni les investissements promis par les opérateurs privés en échange de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH).

Créé en 2011, le dispositif ARENH devait permettre aux fournisseurs alternatifs d’acheter la production nucléaire d’EDF à un prix fixe et très avantageux, afin de proposer des offres durablement compétitives. Or, son application a mené à une instabilité chronique, à la création de rentes privées, à un morcellement industriel et à un endettement croissant d’EDF, dont l’efficacité avait pourtant été maintes fois démontrée de 1945 jusqu’au début des années 2000.

Le gouvernement a introduit dans la loi de finances 2025 une réforme majeure, qui remplace l’ARENH sans débat parlementaire, sans évaluation indépendante ni consultation des parties prenantes. Ce nouveau mécanisme fiscal prélève une part des revenus d’EDF au-delà d’un certain seuil pour les redistribuer à certains consommateurs, selon des modalités définies par décret. Cependant, ce système ne fixe aucun prix de référence, n’offre aucune protection contre la volatilité des prix et ne procure aucune visibilité à long terme.

Une étude récente de l’UFC-Que choisir met en garde contre le caractère inflationniste de cette réforme. La fin de l’ARENH et la refonte du tarif réglementé auraient, si elles avaient été appliquées dès cette année, provoqué une hausse des factures allant jusqu’à 19 %, soit près de 250 euros supplémentaires pour un foyer moyen. Il est inacceptable que la réforme des tarifs d’EDF soit adoptée dans la discrétion, au détriment des usagers.

Alors que les grands industriels négocient en coulisses des contrats stabilisés, les collectivités, services publics, TPE, bailleurs sociaux et ménages restent exposés aux fluctuations imprévisibles du marché. Cette dérive inquiétante dessine une énergie à deux vitesses : contractualisée pour les puissants, incertaine pour tous les autres.