
La Cour suprême américaine est saisie d’une affaire qui met en lumière la délicate question des libertés religieuses en milieu carcéral. Damon Landor, un ancien détenu rastafarien, a vu ses dreadlocks rasées par des gardiens de prison en Louisiane, à seulement quelques semaines de sa libération. Cet acte, survenu malgré la présentation de documents judiciaires attestant de son droit de conserver ses tresses, a déclenché une bataille juridique majeure.
Pour les adeptes du rastafarisme, popularisé mondialement par Bob Marley, les dreadlocks sont un symbole profond de leur engagement spirituel et de leur identité culturelle. Porter des dreadlocks relève d’une démarche spirituelle, souvent liée à un vœu de Nazaréen, symbolisant une connexion avec Dieu et une résistance à l’oppression. Damon Landor avait respecté ce vœu pendant près de 20 ans, y compris lors de son incarcération en 2020 pour possession de drogues.
L’incident s’est produit lors de son transfert vers un nouvel établissement pénitentiaire. Malgré une décision d’une cour d’appel fédérale autorisant les détenus rastafariens à garder leurs dreadlocks en vertu de la loi RLUIPA (Religious Land Use and Institutionalized Persons Act) de 2000, deux gardiens l’ont menotté et lui ont rasé la tête. L’avocat de Landor a plaidé devant la Cour suprême que «si elles ne sont pas sanctionnées, les autorités peuvent traiter la loi comme une poubelle».
Damon Landor a intenté une action en justice contre les responsables de la prison, réclamant des dommages et intérêts pour violation de ses droits religieux. Bien que la Louisiane ait reconnu cette violation, sa demande de compensation financière a été rejetée par les juridictions inférieures. La Cour suprême, connue pour sa sensibilité croissante aux libertés religieuses, a accepté d’examiner son dossier. Cette affaire soulève des questions fondamentales sur la responsabilité individuelle des agents pénitentiaires et l’application des lois fédérales protégeant la foi des détenus.






