Peru-political-transition
La présidente péruvienne Dina Boluarte a été destituée par le Parlement, ouvrant la voie à José Jeri. Cette destitution survient sur fond d'instabilité politique, de scandales et de lutte contre le crime organisé, marquant un nouveau chapitre pour le Pérou.

La présidente péruvienne, Dina Boluarte, a été destituée dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 octobre par un vote majoritaire du Parlement. Cette décision fait suite à plusieurs motions de destitution déposées par les principales forces politiques de l’Assemblée. « La destitution de la présidente a été approuvée », a annoncé le président du Parlement, José Jeri, à l’issue d’une courte session. Il a ensuite annoncé qu’il assumerait la présidence du pays andin.

« Aujourd’hui, j’assume avec humilité la présidence de la République, par succession constitutionnelle, afin de mettre en place et de diriger un gouvernement de transition », a-t-il déclaré après avoir prêté serment. José Jeri, député du parti de centre droit Somos Peru depuis 2021 et élu président du Parlement en juillet, exercera ses nouvelles fonctions jusqu’au 26 juillet 2026. Le Pérou tiendra des élections générales en avril. Dans son premier discours à la nation, il a déclaré : « L’ennemi principal (…), ce sont les bandes et organisations criminelles, ce sont aujourd’hui nos ennemis, et en tant que tels nous devons leur déclarer la guerre. »

Les motions de destitution invoquaient une « incapacité morale permanente » de la présidente à exercer ses fonctions. Dina Boluarte, 63 ans, avait déjà fait l’objet de plusieurs tentatives de destitution, mais sans succès jusqu’à présent. Cette fois, la procédure a été approuvée, les partis de droite et d’extrême droite qui la soutenaient l’ayant lâchée. Elle perd de fait son immunité et le parquet a relancé deux enquêtes la visant : l’une pour blanchiment d’argent lors de la campagne électorale de 2021 et l’autre liée à des chirurgies esthétiques auxquelles elle aurait eu recours pendant son mandat. Le parquet a demandé à la justice de lui interdire de quitter le pays le temps de finaliser ces enquêtes, et une audience est prévue le 15 octobre pour examiner cette demande. Dina Boluarte a affirmé être sereine et resterait au Pérou, niant toute responsabilité dans ces affaires.

Le Pérou connaît une instabilité politique sans précédent, avec six présidents en près de neuf ans. Dina Boluarte, arrivée au pouvoir après la destitution du président Pedro Castillo, a connu une impopularité record suite à la répression violente de manifestations, qui a fait au moins 50 morts. Son mandat a également été entaché par plusieurs affaires, notamment le scandale du « Rolexgate » concernant des montres et bijoux de luxe non déclarés. Ces dernières semaines, les manifestations contre le gouvernement se sont intensifiées à Lima face à la vague d’extorsions et de meurtres attribués au crime organisé.