
Un récent post viral sur X a relancé un débat passionnant inspiré du célèbre dilemme du prisonnier. Proposé par Lysandre Beurel, conseiller en gestion de patrimoine, cette expérience de pensée confronte les internautes à un choix simple mais révélateur : voter A ou B. Si la majorité choisit A, tout le monde survit. Si la majorité choisit B, seuls les votants B survivent, tuant les votants A.
Initialement, Lysandre Beurel prédisait qu’environ 80 % des participants voteraient B en situation réelle, en raison de la peur et de l’aspect psychologique primant sur la moralité. Cependant, un sondage mené sur X auprès de 80 000 votants a vu le A l’emporter de justesse (50,5 %). L’auteur suspecte toutefois une triche, avec l’intervention de bots ayant massivement voté A, faussant ainsi le résultat initial.
Cette expérience a généré un débat intense sur les réseaux sociaux, allant jusqu’aux insultes et menaces de mort. Pour Lysandre Beurel, ce dilemme est un révélateur de la polarité politique en France et de l’incapacité à aborder sereinement les problèmes. Les internautes ont exprimé des opinions tranchées : certains prônent le vote B pour éviter de « laisser sa vie entre les mains des autres », tandis que d’autres défendent le vote A pour « ne pas vivre dans un monde de psychopathes ».
En réalité, cette expérience est une reformulation du « dilemme du prisonnier », un concept clé de la théorie des jeux. Ce dilemme, inventé par le mathématicien Albert William Tucker, illustre comment l’intérêt rationnel individuel peut mener à un résultat sous-optimal pour le groupe. Dans sa version originale, deux prisonniers interrogés séparément doivent choisir entre se taire ou dénoncer l’autre. Le problème démontre qu’en l’absence de certitude sur le comportement de l’autre, le choix rationnel est souvent de dénoncer, même si la coopération mènerait à une peine minimale pour les deux.
Lysandre Beurel a été motivé par le constat d’un écart entre les vertus morales affichées et la réalité des comportements humains. Une étude qu’il cite révèle que si de nombreuses femmes affirment vouloir poursuivre une grossesse en cas de risque d’autisme pour l’enfant, la moitié choisissent d’avorter dans les faits. Cela met en lumière la fragilité et la fascination des expériences de pensée en ligne : il est aisé de clamer des choix vertueux lorsque les risques sont nuls.