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La France est confrontée à une dette publique croissante et un écart de PIB avec l'Allemagne. Les prélèvements fiscaux et sociaux élevés sur le travail découragent l'effort, comme l'a montré l'accueil réservé au plan Bayrou de suppression de jours fériés sans compensation.

La dette publique française s’est envolée au cours des vingt-cinq dernières années, tandis que l’économie française a décroché par rapport à celle de l’Allemagne. L’écart de produit intérieur brut (PIB) par habitant entre les deux pays est passé de 7 % à 21 %, principalement en raison d’une divergence des taux d’emploi, qui est aujourd’hui supérieure de 8,5 points en Allemagne. Cette situation a conduit de nombreux commentateurs à critiquer un manque de volonté des Français à travailler davantage, une conclusion qui mérite d’être nuancée.

Il est possible d’augmenter la quantité de travail sans coût budgétaire, par exemple en favorisant la retraite progressive ou le cumul emploi-retraite. Cependant, pour inciter les Français à travailler plus, il faut avant tout que ce travail soit rémunérateur. Loin de ne pas vouloir travailler, les Français semblent plutôt refuser de travailler sans une juste contrepartie financière.

Actuellement, la France se caractérise par des prélèvements fiscaux et sociaux sur le travail jugés exorbitants. Pour un salarié percevant le salaire moyen, avec un conjoint inactif et deux enfants, le « coin fiscalo-social » – la différence entre le coût pour l’employeur et le revenu net du salarié après impôts et cotisations – atteignait 39,1 % en 2024, contre une moyenne de 25,7 % dans les autres pays de l’OCDE. En 2023, la France est même redevenue championne des prélèvements obligatoires sur le salaire moyen, devant la Belgique et l’Autriche. Cet écart considérable contribue à une pression fiscale et sociale parmi les plus élevées d’Europe, derrière la Belgique et l’Allemagne.

Dans ce contexte, des propositions comme celle du « plan Bayrou », qui visait à supprimer deux jours fériés sans rémunération supplémentaire, ont suscité une vive opposition. Cette mesure aurait eu pour effet d’alourdir encore la charge pesant sur les actifs, l’État étant le principal bénéficiaire des recettes supplémentaires. Une telle initiative est perçue comme un effort supplémentaire demandé aux actifs sans compensation, expliquant l’hostilité qu’elle a rencontrée. De même, la réforme des retraites, qui dégradait le taux de rendement des cotisations sans introduire de capitalisation ou augmenter les salaires, n’a pas été mieux accueillie par les salariés, qui n’ont pas vu de contrepartie à l’effort demandé.