
Lors de sa conférence de presse du 25 août, le Premier ministre François Bayrou a longuement abordé la question de la dette publique, cherchant à en dramatiser les enjeux. Cette prise de position intervient dans un contexte où les discours alarmistes sur l’endettement public ne sont pas nouveaux, rappelant les affirmations de « l’État en faillite » de François Fillon en 2007. François Bayrou lui-même admet alerter sur ce sujet depuis des décennies, sans que les prédictions les plus sombres ne se soient concrétisées.
Il est important de souligner que le niveau actuel de la dette ne découle pas d’une gestion étatique irresponsable. L’augmentation du ratio dette/PIB depuis 1980, alors qu’il était de 20 %, s’explique par plusieurs facteurs interdépendants.
Premièrement, les taux d’intérêt supérieurs au taux de croissance durant les années 1980 et 1990 ont créé un « effet boule de neige ». Deuxièmement, la contre-révolution fiscale des trente dernières années a privé l’État de ressources au profit des ménages aisés et des entreprises. Troisièmement, le coût direct et indirect de la crise financière de 2007-2008 a contraint l’État à sauver le système financier privé. Enfin, plus récemment, les mesures de soutien massives pour faire face à la pandémie de Covid-19 ont également contribué à l’augmentation de la dette.
Indépendamment de ses origines, la question se pose : le niveau actuel de la dette publique représente-t-il une menace réelle ? Il est crucial de comprendre qu’un État ne rembourse jamais sa dette au sens strict ; il en paie seulement la charge. Quand un titre de la dette publique arrive à échéance, l’État contracte de nouveaux emprunts pour le rembourser, un processus appelé « faire rouler » la dette. La dette publique, stock d’emprunts cumulés, est le résultat de déficits budgétaires persistants, où les dépenses dépassent les recettes.