
La France a une longue histoire de défis financiers, comme en témoignent les règnes de Philippe le Bel et de Louis XVI. Surnommé le « roi de fer » pour sa gouvernance intransigeante, Philippe IV (1268-1314) a cherché sans relâche à renflouer les caisses du royaume. Malgré des efforts considérables, incluant des conflits avec le Pape, des attaques contre l’ordre des Templiers pour leurs biens et des manipulations monétaires, il n’a pas réussi à redresser durablement les finances du pays, alors largement déficitaires. Pour obtenir des fonds, Philippe le Bel a également dévalué la monnaie, dépouillé les Juifs et les banquiers lombards, et créé de nouveaux impôts, telle la « maltôte », un impôt sur les ventes impopulaire.
Plusieurs siècles plus tard, l’histoire semble se répéter avec l’accession au trône de Louis XVI en 1774. À la mort de Louis XV, le jeune monarque de 19 ans hérite d’un royaume dont les dépenses dépassent les recettes de 22 millions de livres. Pire encore, 78 millions de recettes futures ont déjà été dépensées par anticipation. Au total, ce sont 335 millions qui manquent dans les caisses de la monarchie, un déficit colossal exacerbé par l’absence de contrôle des dépenses et l’affermage des impôts.
Confronté à cette crise de la dette, Louis XVI nomme Turgot contrôleur général des finances en août 1774. Turgot propose un programme audacieux : pas de banqueroute, pas d’augmentation d’impôts et pas d’emprunt. Il vise à résorber le déficit en réduisant les dépenses et en stimulant la croissance économique. Il obtient une réduction des pensions royales de 24 millions de livres et proclame la libre circulation des grains, tout en abolissant les corporations. Cependant, ses réformes dérangent de nombreux intérêts établis.
L’engagement de la France dans la guerre d’indépendance américaine en 1778 aggrave encore la situation, coûtant environ 1,8 milliard de livres, soit l’équivalent de trois années de budget normal. Malgré les efforts des ministres successifs comme Necker et Calonne, qui tentent d’améliorer le rendement de l’impôt et de réduire les dépenses, la monarchie ne parvient pas à surmonter la crise de la dette, menant finalement à la Révolution française en 1789.