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Le désintérêt pour la vie politique s'accentue chez les jeunes générations en France, contrastant avec l'engagement des baby-boomers. Cette fracture générationnelle, exacerbée par une défiance envers les partis, interroge la transmission des valeurs citoyennes.

La politique, autrefois ciment des débats familiaux, semble aujourd’hui être un sujet de discorde, voire d’indifférence, entre les générations. Le Figaro explore cette fracture générationnelle à travers l’exemple des Guérin, une famille où Bernard, 75 ans, peine à transmettre sa passion pour la vie politique à ses quatre enfants, âgés de 19 à 44 ans. Pour Bernard, il s’agit d’un véritable «repli sur soi» de la nouvelle génération.

Bernard, né juste après la Seconde Guerre mondiale, est un archétype des baby-boomers, une génération pour qui l’engagement politique, notamment après Mai 68, était une évidence. Bien qu’il ait toujours eu une aversion pour les mouvements de foule, il s’est engagé très jeune dans des associations d’alphabétisation avant de militer activement en politique jusqu’au début des années 80. Il a donc connu une «époque florissante» pour la gauche, marquant son intérêt profond pour la chose publique.

Cette situation n’est pas isolée. Des études récentes confirment un désintérêt croissant des jeunes Français pour la politique partisane. En 2022, une enquête de l’Institut Montaigne révélait que 55% des 18-24 ans ne pouvaient indiquer de préférence partisane, soit par manque de connaissance des partis (36%), soit parce qu’aucune force politique ne correspondait à leurs choix (19%). Ce phénomène est d’autant plus marqué chez les jeunes sans études ou issus de familles en difficulté financière.

Pourtant, ce désengagement ne signifie pas une absence totale d’intérêt pour les questions de société. Les jeunes sont par exemple très préoccupés par les questions environnementales (62% les jugent très importantes), mais seulement 11% se sentent proches d’Europe Écologie-Les Verts. La défiance envers les hommes politiques est également très élevée, 70% des jeunes estimant qu’ils sont corrompus. Cependant, une majorité d’entre eux (51%) restent attachés à la démocratie et pensent que voter est utile (près de 7 sur 10). Le problème réside parfois dans un manque d’information et d’éducation politique, plutôt qu’une absence totale de confiance.

Les désaccords générationnels s’étendent à d’autres domaines comme l’écologie, la parentalité et le travail, révélant des divergences profondes entre les différentes générations de Français. Cette «désaffiliation politique» des jeunes, marquée par le désintérêt ou le rejet des partis, est devenue un sujet d’analyse majeur pour comprendre l’évolution de notre société.