
Depuis l’introduction du suffrage universel pour le Parlement européen en 1979, la droite de gouvernement française, historiquement composée des traditions néo-gaulliste et de centre-droit, a connu un recul électoral significatif. Dans les années 1980, cette force politique était prédominante, recueillant entre 37 % et 43 % des suffrages. Cette période a même vu deux figures de l’UDF, Simone Veil (1979-1982) et Nicole Fontaine (1999-2002), accéder à la présidence du Parlement européen.
Cependant, une première érosion s’est manifestée dans les années 1990 et au début des années 2000, ramenant leurs scores entre 25 % et 29 %. Le professeur émérite Pascal Perrineau, ancien directeur du Cevipof, souligne cette tendance de fond. Depuis 2019, la chute est spectaculaire, avec des résultats inférieurs à 10 % des voix. Cette situation marque un éloignement prolongé du pouvoir national depuis douze ans, reléguant la droite traditionnelle à un rôle de simple témoin d’une ère révolue, tant sur la scène nationale qu’européenne.
Cette diminution de l’influence française s’est également ressentie à Strasbourg. Le Parti populaire européen (PPE), principal parti de la droite européenne, est désormais majoritairement sous la direction de la CDU-CSU allemande, avec Manfred Weber présidant le groupe PPE depuis 2022. La dynamique actuelle des élections européennes de 2024 a d’ailleurs confirmé une poussée notable de l’extrême droite dans plusieurs pays, y compris en France, tandis que le PPE maintenait sa position de premier groupe au Parlement européen. La France, qui compte un nombre significatif de députés européens, peine cependant à peser au sein des groupes politiques en raison de leur dispersion.