
Selon une étude récente d’Ipsos Digital, menée au niveau européen, un professionnel français sur cinq déclare avoir été confronté à un document falsifié ou compromis dans le cadre de son activité. Ce constat alarmant met en lumière les défis croissants liés à la cybersécurité dans un contexte de digitalisation accélérée des entreprises. L’innovation, si elle apporte des avancées significatives, ouvre également de nouvelles brèches que les personnes mal intentionnées n’hésitent pas à exploiter.
L’étude, réalisée auprès de 4000 actifs en France, Italie, Espagne et Allemagne, révèle qu’en France, 89% des répondants ressentent une intensification des menaces liées à la cybersécurité. Les conséquences sont bien réelles : fraudes documentaires, usurpations d’identité, falsifications informatiques. L’essor de l’intelligence artificielle (IA) amplifie ces inquiétudes. 66% des professionnels français perçoivent l’IA comme une source de menace supplémentaire, car elle démocratise des techniques automatisées de falsification et généralise la création de deepfakes, rendant plus aisée la reproduction de voix ou de visages pour des fraudes sophistiquées et discrètes.
Alban Sayag, directeur de Yousign, souligne que l’IA facilite le travail des attaquants, rendant des techniques comme les deepfakes accessibles à un public plus large, sans nécessiter d’expertise significative. Paradoxalement, bien que 63% des actifs français estiment que leur organisation est « bien digitalisée », seuls 21% se disent véritablement prêts à faire face aux risques de falsification. Ce décalage indique que les entreprises se digitalisent plus vite qu’elles ne se protègent des risques inhérents.
Malgré l’importance accordée à la sécurité comme premier critère de choix pour les outils numériques (50%), 64% des décideurs n’envisagent pas d’augmenter leurs dépenses en cybersécurité. Pourtant, la menace est palpable : 12% des professionnels confrontés à des documents falsifiés ont subi des litiges juridiques, et 15% ont rapporté une perte financière directe pour leur entreprise. Les secteurs Finance, Juridique et Ressources Humaines sont particulièrement touchés, avec 29% des professionnels ayant rencontré des documents falsifiés.
Face à ce tableau, la formation et la sensibilisation des actifs deviennent primordiales. Alban Sayag insiste sur l’importance de mots de passe forts, l’identification du phishing, et l’authentification à deux facteurs. Cependant, l’étude révèle que seuls 18% des sondés déclarent que l’ensemble de leur entreprise a été formé à ces problématiques, et 40% n’ont reçu aucune formation. Ce manque d’investissement dans la prévention numérique, combiné aux avancées rapides de l’IA, suggère que de nombreuses entreprises pourraient avoir pris du retard en matière de cybersécurité, nécessitant des investissements massifs pour protéger leurs données sensibles.