
Une cyberattaque majeure a paralysé le logiciel médical Weda, privant 23 000 professionnels de santé en France d’accès aux dossiers de leurs patients. L’incident, survenu le 10 novembre, a contraint médecins généralistes, spécialistes et paramédicaux à travailler « à l’aveugle » pendant plusieurs jours, mettant en lumière la dépendance croissante du secteur à la santé numérique.
L’entreprise montpelliéraine Weda a suspendu l’accès à sa plateforme suite à une « tentative d’intrusion » afin de garantir la sécurité des données de santé. Bien qu’un accès partiel ait été rétabli le 14 novembre, la fonctionnalité de feuilles de soins électroniques et l’accès direct à certains services de l’Assurance maladie restent inactifs. Le Dr Philippe Boutin, médecin généraliste à Poitiers, témoigne de la difficulté de soigner sans visibilité sur les antécédents médicaux et les résultats d’examens. Certains professionnels ont dû recourir à des méthodes détournées, comme la consultation de l’historique des remboursements sur Ameli, pour pallier le manque d’informations.
Cette cyberattaque met en évidence la vulnérabilité du secteur de la santé face aux menaces numériques. Le Dr Pierre Bidaut, médecin généraliste à Gien, souligne l’intérêt des hackers pour les données médicales sensibles, rappelant que de nombreux hôpitaux ont déjà été ciblés. La multiplication des attaques, avec plus de 400 recensées en 2023 par l’ANSSI, pousse le ministère de la Santé à renforcer la sécurité informatique des établissements.
Face à cette crise, Weda a mis en place des « modifications structurelles des systèmes d’accès et d’authentification » pour prévenir de futures intrusions. Cependant, l’épisode a également soulevé des questions sur la charge administrative des professionnels, notamment concernant les déclarations de violation de données à la Cnil, jugées complexes et chronophages. Cet événement souligne l’urgence d’une meilleure préparation et d’une résilience accrue du système de santé face à l’évolution des cybermenaces.






