
Face aux pressions des socialistes, Sébastien Lecornu a annoncé mardi la suspension de la réforme des retraites, mesure phare du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Cette décision, prise lors d’un entretien matinal à l’Élysée avec le président, met en pause ce chantier social jusqu’à la présidentielle de 2027. Cette volte-face représente une rupture majeure pour Emmanuel Macron, qui a toujours défendu son bilan économique. Sébastien Lecornu lui-même avait initialement rejeté l’idée de revenir sur la réforme Borne, qui a repoussé l’âge de départ à 64 ans. Cette suspension, qui sera débattue par les députés via un amendement au budget de la Sécurité sociale, concernerait les personnes nées à partir de 1964, figeant l’âge légal de départ à 62 ans et 9 mois et le nombre de trimestres requis à 170 jusqu’au 1er janvier 2028.
Cette crise politique a été marquée par plusieurs rebondissements. Le 5 octobre, Bruno Retailleau, reconduit à Beauvau, a dénoncé un gouvernement ne reflétant pas la «rupture promise», ulcéré par le retour de Bruno Le Maire aux Armées. Le lendemain, Sébastien Lecornu a remis sa démission, avant d’être renommé Premier ministre le 10 octobre. Les Républicains, par la voix de Bruno Retailleau, ont annoncé qu’ils ne participeraient pas au gouvernement Lecornu II, fustigeant la suspension de la réforme des retraites qu’il juge «otage des socialistes». Cependant, le groupe LR à l’Assemblée, mené par Laurent Wauquiez, a décidé de ne pas censurer le gouvernement, créant une fracture au sein du parti.
Élisabeth Borne, l’ancienne Première ministre qui avait porté la réforme des retraites en 2023, a elle-même créé la surprise en se déclarant favorable à sa «suspension» le 7 octobre, au nom de la «stabilité du pays». Cette prise de position, qualifiée de «dramatique» par Maud Bregeon, alors simple députée, a profondément divisé le camp macroniste. Ironie du sort, Maud Bregeon a été nommée porte-parole du gouvernement Lecornu II, dont le premier geste a été de suspendre cette même réforme. Parallèlement, des voix se sont élevées pour appeler à une démission d’Emmanuel Macron. Édouard Philippe, ancien Premier ministre, a demandé le 7 octobre l’organisation d’une élection présidentielle anticipée. Gabriel Attal a également exprimé son incompréhension face aux décisions présidentielles, appelant à un «changement de méthode».