
Face à une crise aiguë touchant la filière française de la collecte, du tri et du recyclage des textiles et chaussures, le ministère de la Transition Écologique a annoncé, le jeudi 17 juillet au soir, avoir trouvé une « solution de compromis ». Cette décision prévoit le déblocage d’une aide d’urgence dès le mois d’août pour soutenir les acteurs du secteur.
La crise a éclaté le mardi 15 juillet, lorsque plusieurs tonnes de vêtements de seconde main ont été déversées sur les parkings de magasins Decathlon et Kiabi dans plusieurs villes comme Houdemont, Saint-Herblain ou Abbeville. Cette action « coup de poing » a été revendiquée par les entreprises du réseau Le Relais. Elles ont simultanément suspendu la collecte de textiles et chaussures dans leurs 22 309 conteneurs à travers la France pour alerter sur la situation financière « au bord de la rupture » de l’ensemble des structures de collecte et de tri.
Emmanuel Pilloy, président du Relais France, qui gère plus de 60 % des capacités de tri, a souligné l’urgence de la situation, affirmant que la filière « va dans le mur à court terme ». Cette crise menace directement 3 000 emplois à l’échelle de la filière, dont 2 000 en France. Un grand nombre de ces postes sont occupés par des travailleurs en insertion. Emmanuel Pilloy a insisté sur le « coût social » qu’entraînerait la disparition de ces structures, qui permettent à des personnes auparavant au RSA de retrouver dignité et utilité sociale par le travail.
Cette mobilisation fait suite à un désaccord économique avec l’éco-organisme Refashion, en charge de la filière textile. Refashion, qui a collecté plus de 200 millions d’euros en 2023 via l’éco-contribution, est critiqué pour des aides jugées insuffisantes face aux besoins réels. Le coût de tri par tonne est de 304 euros, tandis que la contribution de Refashion n’était que de 156 euros. Les aides gouvernementales annoncées devraient porter ce montant à 223 euros par tonne en 2025 et 228 euros en 2026, avec une enveloppe de 49 millions d’euros pour 2025 et 57 millions pour 2026. L’objectif est de consolider l’économie de la collecte, du tri, du réemploi et du recyclage sur le territoire national, et de renforcer la gestion des textiles usagés.