
Une course présentée comme « inclusive » à Londres a déclenché une vive polémique en excluant les femmes et les adolescentes. Dimanche dernier, la mosquée de Londres Est a organisé la douzième édition de la Course Caritative Musulmane (Muslim Charity Run) dans le quartier de Tower Hamlets. Si l’événement était annoncé comme « ouvert à tous » sur le site internet de l’organisation, une mention discrète précisait qu’il était réservé aux « garçons de tous âges » et aux « filles de moins de douze ans ». Ces règles jugées paradoxales ont enflammé le Royaume-Uni, ravivant les fractures communautaristes.
La Muslim Charity Run se tenait au Parc Victoria, un lieu habitué aux rassemblements sportifs. L’édition précédente en 2024 avait attiré plus de mille participants et récolté environ 180 000 euros. Cette année, l’événement bénéficiait du soutien de plusieurs organisations caritatives musulmanes, dont Islamic Relief, une association parfois associée aux Frères musulmans. Le maire de Tower Hamlets, Lutfur Rahman, présent lors de la remise des prix, a salué le succès de la course, mentionnant plus de 1600 coureurs et des fonds levés pour quarante associations. Cependant, l’ambiance festive a été éclipsée par le scandale de l’exclusion des femmes, une restriction confirmée sur le site de l’événement avant d’être retirée face à l’ampleur de la polémique.
Le vice-président du Green Party, Shahrar Ali, s’est vivement inquiété de la « prévalence des valeurs de la charia sur les lois et traditions britanniques ». La mosquée de Londres Est s’est défendue en invoquant la section 195 et l’annexe 23 de la loi, qui autorisent les compétitions sportives non mixtes, comme les courses féminines ou les séances de natation réservées aux femmes dans certains centres communautaires juifs orthodoxes. Le gouvernement a réagi par l’intermédiaire de Steve Reed, ministre chargé des communautés, qui s’est dit « horrifié » par cette exclusion. Il a qualifié d’« absolument inacceptable que les femmes se voient interdire de participer à une course de loisirs dans un espace public alors que les hommes sont autorisés à le faire » et a demandé à la Commission pour l’égalité et les droits de l’homme (EHRC) d’examiner si des lois avaient été enfreintes. La mairie de Tower Hamlets, de son côté, a décliné toute implication dans l’événement, précisant qu’il s’agissait d’une initiative indépendante et qu’elle avait contacté la mosquée pour obtenir des éclaircissements.