
La Cour des comptes a récemment publié un rapport accablant sur le plan de création de 15 000 nouvelles places de prison, un projet lancé en 2017 par Emmanuel Macron et relancé par l’actuel garde des Sceaux, Gérald Darmanin. Ce rapport pointe du doigt les dérives et les retards de ce programme ambitieux, tout en critiquant l’inefficacité des politiques carcérales menées jusqu’à présent en France.
Le coût initial du plan, estimé à 3,9 milliards d’euros en 2019 par le ministère de la Justice, a été réévalué à 5,7 milliards d’euros pour 2025, soit une augmentation de 46 % par rapport aux prévisions. Cette hausse significative compromet la « soutenabilité du plan », selon la juridiction financière. Pour les 22 établissements déjà livrés, ce qui représente seulement 29 % des objectifs initiaux, les dépenses atteignent déjà 32 % de l’enveloppe budgétaire prévue.
La Cour regrette également le faible avancement des travaux : en septembre 2025, seulement 5 411 nouvelles places de prison devraient être opérationnelles, bien loin des 15 000 promises. La surpopulation carcérale reste un problème majeur en France, avec plus de 84 000 détenus pour moins de 63 000 places disponibles en 2025, et un taux d’occupation des maisons d’arrêt atteignant près de 143 % fin 2022. Des alternatives à l’incarcération, comme le bracelet électronique ou le travail d’intérêt général, ont eu un « effet limité » face à l’augmentation parallèle des emprisonnements.
En outre, le coût moyen d’un détenu s’élève à 130 € par jour, avec des disparités allant de 117 € en maison d’arrêt à plus de 250 € dans les établissements plus sécurisés. Le rapport de la Cour des comptes souligne la nécessité de renforcer la gouvernance des projets immobiliers, de maîtriser les coûts et de privilégier des alternatives à l’incarcération, jugées moins coûteuses et potentiellement plus efficaces pour réduire la récidive.






