
Des militaires en Guinée-Bissau ont annoncé, mercredi 26 novembre, avoir pris le « contrôle total du pays » et la « suspension du processus électoral » en cours. Cette décision survient alors que le pays attendait les résultats des élections présidentielle et législatives organisées dimanche 23 novembre. Les frontières nationales sont désormais fermées et un couvre-feu obligatoire a été instauré, plongeant le pays dans l’incertitude politique.
Plus tôt dans la journée, des tirs avaient été entendus près du palais présidentiel à Bissau, la capitale. Des hommes en tenue militaire ont pris position sur la principale artère menant au palais, un scénario malheureusement familier dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. La Guinée-Bissau a en effet connu quatre coups d’État et de nombreuses tentatives de putsch depuis son indépendance en 1973.
Le général de brigade Denis N’Canha a officialisé la prise de pouvoir, déclarant qu’un « haut commandement pour la restauration de l’ordre, composé de toutes les branches de l’armée », prenait « la direction du pays jusqu’à nouvel ordre ». Il a justifié cette action par la nécessité de « garantir la sécurité nationale et rétablir l’ordre », évoquant un « plan de déstabilisation du pays » impliquant des « barons nationaux de la drogue » et l’introduction d’armes.
Le président sortant, Umaro Sissoco Embaló, a été arrêté et serait détenu à l’état-major, où il serait « bien traité ». D’autres figures politiques, dont le chef d’état-major, le ministre de l’Intérieur, et les opposants Domingos Simões Pereira et Fernando Dias da Costa, auraient également été interpellés. La situation était déjà tendue suite aux revendications de victoire de M. Embaló et de son rival, Fernando Dias da Costa, avant même la publication des résultats officiels, prévue pour jeudi.
Les élections du 23 novembre se sont déroulées sans le principal parti d’opposition, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), exclu pour un dossier jugé tardif. Cette exclusion avait été qualifiée de « manipulation » par l’opposition. Le pays est coutumier des crises post-électorales, la précédente présidentielle de 2019 ayant aussi été marquée par des revendications de victoire concurrentes.






