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Le Collège de France retrouve un fragile apaisement après l'annulation d'un colloque sur la Palestine, révélant des tensions internes et un besoin de préserver l'unité de l'institution.

Après plusieurs semaines de vives tensions, une relative accalmie semble s’installer au Collège de France. Une professeure, souhaitant conserver l’anonymat, exprime un sentiment d’« apaisement » au sein de l’institution. Elle n’est pas la seule à préférer la discrétion, beaucoup d’interlocuteurs évitant de commenter ouvertement les perturbations inédites engendrées par l’annulation d’un colloque sur la Palestine. Cette retenue semble viser à préserver une forme d’unité, même précaire et traversée par des désaccords profonds, au sein du cercle très fermé des titulaires de chaire.

Les 47 professeurs, élus par leurs pairs pour transmettre le « savoir en train de se constituer », sont conscients que le prestige d’un établissement cinq fois centenaire repose sur eux. Thomas Römer, l’administrateur du Collège de France, a d’ailleurs reporté un entretien prévu, attendant un moment où « les choses se seront un peu calmées ». Ces « choses » désignent les nombreuses indignations provoquées par l’organisation du colloque, puis par sa déprogrammation inattendue.

Intitulé « Palestine et Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », ce cycle de conférences était coorganisé par Henry Laurens, titulaire de la chaire d’Histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France, et le Centre arabe de recherches et d’études politiques (Carep). Ce dernier a finalement hébergé le symposium dans ses locaux parisiens. Le programme prévoyait la participation de spécialistes français et étrangers de l’histoire du Moyen-Orient, ainsi que de personnalités publiques telles que l’ancien premier ministre Dominique de Villepin (2005-2007) et Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés.