French-government-building
Alors que le gouvernement Bayrou est sur le point de chuter, la France doit repenser sa stratégie budgétaire. La politique de réduction des dépenses n'a pas atteint ses objectifs et a laissé le pays face à un déficit persistant, une croissance stagnante et des défis majeurs dans l'éducation, la santé et l'écologie.

À l’approche de la probable chute du gouvernement Bayrou, l’attention se porte moins sur le futur Premier ministre que sur la nécessité d’éviter les erreurs passées. La stratégie budgétaire française de la dernière année, axée sur une réduction drastique de la dépense publique (plus de 40 milliards d’euros par an), visait un retour à l’équilibre des comptes publics d’ici 2030. Toutefois, les prévisions pour 2025 soumises à la Commission européenne sont bien plus modestes, avec seulement 12 milliards d’euros de coupes réelles, le budget voté en février n’ayant pas intégré toutes les réductions prévues.

Bien que cette modération ait probablement épargné au pays une forte hausse du chômage, estimée à 500 000 personnes sur deux ans par l’Observatoire français des conjonctures économiques, elle révèle une navigation à vue du gouvernement. Cette orientation privilégiant la réduction des dépenses découle de la volonté de maintenir une politique de l’offre. Or, cette stratégie, caractérisée par une baisse des prélèvements obligatoires pour stimuler l’activité, a « vidé les caisses » sans générer les emplois de qualité attendus, tout en aggravant la pauvreté.

La question cruciale pour la France est de savoir si elle va poursuivre ou modifier cette trajectoire. Une approche plus crédible exigerait de concevoir le budget 2026 comme le point de départ d’une stratégie à long terme. La politique budgétaire ne se limite pas à l’équilibre annuel, elle façonne l’orientation économique, la protection sociale, la performance des services publics et la capacité du pays à relever les défis futurs.

Sur le plan économique, trois défis majeurs se présentent : le déficit budgétaire, qui, contrairement à celui de la plupart des voisins européens, ne s’est pas réduit depuis la pandémie de Covid-19, mais s’est creusé. Deuxièmement, la productivité stagne et la croissance peine à trouver des moteurs durables. Enfin, la prospérité future est menacée par la dégradation de l’éducation et de la santé, ainsi que par des investissements insuffisants dans la transition écologique.