Tianjin-Haihe-River-nightlife
À Tianjin, des jeunes diplômés se transforment en barmans clandestins sur les rives du fleuve Hai He, faute d'opportunités d'emploi qualifié, révélant la précarité croissante des jeunes en Chine.

À Tianjin, sur les rives animées du fleuve Hai He, la vie nocturne estivale révèle une réalité socio-économique complexe. Alors que les Bateaux-Mouches naviguent et que les gratte-ciel illuminent le paysage, une scène de bars clandestins prend forme chaque soir. Ces établissements éphémères, montés et démontés au gré des rondes de police, sont tenus par une jeunesse éduquée, mais confrontée à la précarité de l’emploi en Chine.

Ces jeunes, âgés de 20 à 27 ans, ouvrent leurs étals de liqueurs dès 20 heures pour ne fermer qu’à l’aube. Leurs cartes de boissons sont identiques, leurs tarifs aussi : 48 yuans (environ 5,70 euros) le gobelet. Derrière cette uniformité se cache une situation commune : ils sont tous diplômés, mais se retrouvent soit au chômage, soit contraints d’accepter des emplois de jour mal rémunérés et éloignés de leurs compétences. Ce phénomène est révélateur du taux de chômage élevé chez les jeunes en Chine, qui a atteint des sommets après la pandémie de Covid-19, avec des chiffres officiels montrant un taux de chômage des 16-24 ans à 20,8 % en 2023.

Xiao Hong, 25 ans, incarne cette génération désabusée. Diplômée d’un master en commerce international de l’université de Nankai, elle se destinait à une carrière de cheffe de projet ou de responsable export. Cependant, la réalité du marché du travail post-Covid l’a poussée vers cette économie informelle. Comme beaucoup, elle attend ses clients en lisant un Prix Nobel de littérature chinois, tandis qu’un livreur lui apporte des glaçons, un symbole de cette débrouille quotidienne. Le président Xi Jinping a d’ailleurs qualifié le chômage des jeunes de « priorité absolue » pour le Parti communiste chinois.

Cette situation met en lumière la difficulté pour les jeunes diplômés chinois de trouver un emploi correspondant à leurs qualifications, les poussant parfois vers des métiers précaires comme coursier ou même à « vendre leurs savoirs » dans la rue.