
L’érosion côtière s’intensifie au Chili, menaçant la survie d’au moins dix plages au cours de la prochaine décennie. Une équipe de scientifiques chiliens, observant 67 plages, a constaté que 86 % d’entre elles rétrécissent progressivement, y compris durant les périodes de régénération printanières et estivales. Dix plages, déjà fortement touchées en 2023, connaissent une dégradation accélérée, avec des taux d’érosion environ deux fois plus élevés.
Ce phénomène est attribué à des causes à la fois naturelles et anthropiques. Selon Carolina Martinez, directrice de l’Observatoire côtier de l’Université catholique, le changement climatique joue un rôle majeur, entraînant des vagues plus intenses et fréquentes, une élévation du niveau de la mer, des pluies torrentielles soudaines et des vagues de chaleur. L’urbanisation rapide et la dégradation des bassins fluviaux, qui réduisent l’apport de sable aux côtes, contribuent également à cette érosion.
Les conséquences sont déjà visibles. À Puerto Saavedra, dans la région de l’Araucanie, des dolines ont été creusées dans les routes et les falaises par les ondes de tempête, isolant certaines communautés. L’eau salée endommage aussi les forêts. Le recul rapide des falaises et des côtes sablonneuses impacte directement l’économie locale, notamment le secteur touristique et la pêche. Des restaurateurs voient leurs établissements menacés par la mer qui gagne du terrain.
Malgré ces risques croissants, la construction se poursuit sur le littoral, souvent à proximité de zones humides et de dunes, pourtant essentielles à la protection des côtes. Carolina Martinez souligne que le coût de ces catastrophes est transféré aux populations : pêcheurs, communautés côtières et professionnels du tourisme, qui voient leurs moyens de subsistance menacés.