
Pour étudier et anticiper la trajectoire des ouragans, une mission particulièrement périlleuse est menée par les « Hurricane Hunters », des aviateurs de l’US Air Force Reserve et des scientifiques de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). Leur rôle est de voler directement dans le cœur des tempêtes pour y collecter des données cruciales. Lundi 27 octobre, le 53e escadron de reconnaissance météorologique de l’armée de l’air américaine a ainsi traversé l’ouragan Melissa, qui pourrait être le plus violent à frapper la Jamaïque et a déjà causé plusieurs décès. Ces données, récoltées sous des vents dépassant les 265 km/h, sont ensuite transmises au Centre national des ouragans (NHC).
Malgré l’avènement des satellites qui révolutionnent la détection météorologique, ces vols habités restent indispensables. En effet, si les satellites peuvent détecter la formation des ouragans, ils ne peuvent pas mesurer avec précision la pression atmosphérique et la vitesse du vent au centre de la tempête. C’est pourquoi les avions doivent « franchir le mur de l’œil », la zone où les vents sont les plus intenses, pour atteindre l’œil du cyclone, une zone de calme relatif où la pression est la plus basse. À l’intérieur de l’œil, les avions larguent des catasondes, des capteurs équipés de GPS et de parachutes. Ces sondes transmettent en temps réel des informations vitales sur la vitesse du vent, la pression, l’humidité et la température de l’air, permettant de comprendre l’évolution de l’ouragan et ses impacts au sol.
Les « Hurricane Hunters » volent à bord d’avions à ailes hautes de moyenne portée, notamment les Lockheed WP-3D Orion, surnommés « Kermit » et « Miss Piggy ». L’expérience à bord est souvent décrite comme époustouflante, alternant turbulences extrêmes et calme surréaliste au centre de l’œil. Cependant, la mission est non seulement complexe mais aussi très risquée. Le 12 octobre 1974, un WC-130 Hercules, baptisé « Swan 38 », a disparu dans le typhon Bess, emportant six personnes. Plus récemment, l’ouragan Melissa a provoqué de fortes turbulences, forçant la NOAA à interrompre temporairement certaines opérations.
Consciente du vieillissement de sa flotte, la NOAA a attribué en septembre 2024 un contrat à Lockheed Martin pour la livraison de deux nouveaux avions C-130J Hercules. Ces appareils modernes, qui devraient rejoindre la flotte en 2030, remplaceront les WP-3D Orion et seront équipés de technologies avancées pour améliorer la collecte de données, incluant des lanceurs de sondes automatisés, une connectivité internet haut débit et des radars Doppler. Ces investissements sont essentiels pour affiner les prévisions et protéger les populations côtières face à des phénomènes météorologiques de plus en plus intenses.






