Hong-Kong-censorship
Le réalisateur hongkongais Kiwi Chow exprime sa « solitude » face à la censure après l'interdiction de son thriller « Deadline » à Hong Kong, jugé « contraire aux intérêts de la sécurité nationale » par les autorités, illustrant le contrôle croissant de Pékin sur l'industrie cinématographique locale depuis les manifestations de 2019.

Le réalisateur hongkongais Kiwi Chow fait face à une « solitude » grandissante face à la censure des autorités chinoises. Son dernier film, le thriller « Deadline », tourné à Taïwan, a été interdit de diffusion à Hong Kong, jugé « contraire aux intérêts de la sécurité nationale » par les autorités. Cette décision, annoncée après quatre mois d’attente, n’a pas surpris le cinéaste de 46 ans, qui qualifie la situation d’« absurde », aucune explication concrète n’ayant été fournie.

Le film « Deadline » est une allégorie se déroulant dans une école d’élite confrontée à des menaces de suicide. Sa carrière illustre comment l’industrie cinématographique de Hong Kong, autrefois reconnue pour son audace, est désormais bridée depuis les manifestations prodémocratie de 2019-2020.

Après ces événements, Pékin a imposé la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong en 2020, réduisant considérablement les libertés. En 2021, les règles de censure cinématographique ont été renforcées. Kiwi Chow estime que cette situation mène à une autocensure accrue au sein de l’industrie. Le Bureau de l’administration des films, journaux et articles de Hong Kong n’a pas commenté l’interdiction de « Deadline ».

Entre 2021 et juillet 2025, 13 films ont été interdits et 50 autres ont dû être modifiés à Hong Kong pour des raisons de sécurité nationale. Kiwi Chow pense que son film a été écarté non pas pour son contenu spécifique, mais parce qu’il figure sur une « liste noire officieuse » en raison de ses prises de position passées.

En 2015, Kiwi Chow avait déjà co-réalisé un segment de « Ten Years », un film dystopique qui anticipait les inquiétudes des Hongkongais face à l’autorité chinoise croissante. Il est également le réalisateur de « Revolution of Our Times », un documentaire sur les manifestations de 2019, présenté au Festival de Cannes en 2021. Ce documentaire, qui a nécessité l’anonymat de toute son équipe de production, ne fut pas projeté à Hong Kong.

Malgré les obstacles, comme le refus des écoles hongkongaises d’accueillir le tournage de « Deadline », forçant la production à Taïwan, Kiwi Chow refuse d’abandonner. Des soutiens hongkongais se sont même rendus à Taïwan pour assister aux projections du film.