
Le groupe Carrefour a annoncé avec satisfaction que ses pratiques de location-gérance et de franchise pourraient se poursuivre en 2026. Cette déclaration fait suite à la décision du tribunal judiciaire d’Évry, qui a débouté la fédération des services CFDT. Le syndicat avait assigné le distributeur en justice pour tenter de mettre fin à cette stratégie, intensifiée depuis l’arrivée d’Alexandre Bompard à la tête du groupe en 2017.
Alexandre Bompard a défendu cette approche, expliquant en mars devant une commission sénatoriale qu’il était préférable de « sortir du giron du groupe » les magasins déficitaires, plutôt que de les fermer. Cela implique qu’un entrepreneur prenne la responsabilité de la gestion du magasin. Le PDG de Carrefour a souligné que cette politique avait permis de « sauver » des magasins, affirmant qu’aucun supermarché Carrefour n’avait fermé en France, concernant 15 hypermarchés et 25 supermarchés par an.
Concrètement, la majorité des coûts d’exploitation et de gestion du magasin transféré sont désormais à la charge du locataire-gérant, et non plus de Carrefour. En contrepartie, Carrefour perçoit une redevance pour l’utilisation de sa marque. Sur les 170 000 personnes travaillant sous l’enseigne, seule la moitié est encore directement employée par le groupe. Les autres, après quinze mois, voient leurs acquis sociaux renégociés, passant d’une multinationale à des accords collectifs plus avantageux à une entreprise locale.
La CFDT a exprimé son intention de faire appel de la décision du tribunal, estimant que la politique de Carrefour s’apparente à un « plan social déguisé ». Le syndicat a dénoncé les conséquences sociales de cette stratégie, telles que la perte d’avantages pour les salariés et la dégradation des conditions de travail. Selon la CFDT, plus de 300 magasins et environ 23 000 salariés auraient été concernés par ces transferts depuis 2018. Le tribunal a cependant jugé que la CFDT n’avait pas apporté de preuves suffisantes d’un abus de droit à la liberté d’entreprendre de la part du groupe.






