
Arnaud Florentin, économiste et directeur associé du cabinet Utopies, a développé un modèle d’intelligence artificielle novateur. Ce dernier permet de quantifier précisément la contribution de l’environnement local – territoire, infrastructures, écosystème économique – à la valeur d’une entreprise. Une analyse partagée par Elisabeth Laville, fondatrice d’Utopies, qui souligne un manque de reconnaissance en France envers ce « capital territorial », un frein majeur aux initiatives de réindustrialisation.
Traditionnellement, l’attractivité d’un site industriel repose sur des critères comme la disponibilité foncière, la qualité des infrastructures de transport et une fiscalité avantageuse. Cependant, l’étude menée par Arnaud Florentin révèle que cette approche est incomplète. Selon lui, une stratégie d’implantation ou d’attractivité fondée uniquement sur ces éléments est « très réductrice ».
Les recherches d’Utopies démontrent que la valeur d’une entreprise est en réalité une combinaison de deux facteurs essentiels. Le premier est le capital interne, englobant les actifs mobiles tels que la marque, les brevets, les innovations, les méthodes de travail, les contrats-cadres, ainsi que les dirigeants et équipes clés, les actifs financiers et la culture d’entreprise. Le second, et souvent sous-estimé, est le capital territorial. Il représente la part de la création de valeur attribuable à l’environnement spatial de l’entreprise : le patrimoine productif, les ressources locales, les compétences disponibles, les savoir-faire spécifiques, les réseaux et les synergies régionales. Pour véritablement stimuler la réindustrialisation, il est impératif de se pencher sur cette dimension méconnue.
Concernant l’importance de ce capital territorial, les chiffres sont éloquents. Arnaud Florentin estime que sur certains sites industriels, notamment en Chine ou en Inde, la valeur territoriale peut excéder 70 % de la valeur totale. En France, bien que la moyenne se situe autour de 20 % à 30 %, avec des pics pouvant atteindre 50 %, cette part reste significative et mérite une attention accrue pour toute politique industrielle ambitieuse.








