
Plus d’un millier de personnes ont manifesté ce samedi près de Thourotte, dans l’Oise, pour exiger l’arrêt du chantier du Canal Seine-Nord Europe. Cette mobilisation, inédite par son ampleur, a rassemblé plusieurs collectifs écologistes tels que Les Soulèvements de la Seine, Extinction Rebellion et Mega Canal non merci. Les opposants dénoncent un projet à la fois non viable économiquement et désastreux sur le plan environnemental.
Le Canal Seine-Nord Europe, qui doit relier le bassin de la Seine aux grands ports du nord de l’Europe, est critiqué pour son coût potentiel de 10 milliards d’euros, bien au-delà des estimations initiales de 5 milliards. Selon Valentin, militant des Soulèvements de la Terre, il serait plus judicieux de « réinvestir dans le Canal du Nord et dans le fret ferroviaire » plutôt que de construire une nouvelle infrastructure. L’élue écologiste Sandrine Rousseau a également fustigé ce projet qu’elle qualifie de non-écologique, craignant une multiplication des camions et une « bétonisation » du territoire.
Les préoccupations environnementales sont au cœur de la contestation. Agnès Ducharne, hydrologue chercheuse au CNRS, estime que le canal est un « projet nuisible » et « du siècle passé », soulignant les dangers de l’artificialisation pour l’environnement. Les opposants dénoncent notamment l’artificialisation de « 3 200 hectares de terres agricoles », la menace pesant sur « 300 espèces protégées » et une importante retenue d’eau, des impacts que les mesures compensatoires sont jugées « illusoires » à enrayer. Pour les collectifs, le projet représente un véritable « désastre environnemental ».
Malgré les arguments des défenseurs du canal, qui le présentent comme une « solution écologique » visant à réduire le transport routier, les opposants craignent une augmentation des flux et un impact négatif sur la biodiversité et les ressources en eau. Le défilé, soutenu par diverses organisations comme Greenpeace et la Confédération paysanne, marque un tournant dans l’opposition à ce projet colossal dont les travaux ont débuté en 2022.