
Le terme suggérant la légèreté cache une préoccupation croissante pour les investisseurs : une bulle financière se serait-elle formée à Wall Street, portée par l’engouement autour de l’intelligence artificielle (IA) ? La question centrale est de savoir si la valorisation des entreprises cotées est déconnectée de leur valeur fondamentale et de leurs perspectives de bénéfices futurs. Cette interrogation pèse de plus en plus lourd dans les réflexions des analystes financiers.
Selon l’enquête mensuelle de Bank of America, publiée le 14 octobre, auprès des gérants de fonds mondiaux, la « bulle de l’IA » est désormais perçue comme le principal risque extrême pour les marchés financiers. Elle surpasse d’autres menaces majeures telles que le retour de l’inflation, les doutes sur l’indépendance de la Réserve fédérale américaine, ou la perspective d’une récession mondiale. Cette perception souligne l’ampleur de l’inquiétude grandissante concernant la stabilité des marchés.
Goldman Sachs a publié le 8 octobre une analyse approfondie intitulée « Pourquoi nous ne sommes pas (encore) dans une bulle », tentant de rassurer les marchés. Cependant, dès le lendemain, la Banque d’Angleterre, dans son point sur la stabilité financière, a évoqué le risque d’une « forte correction des marchés ». Elle a notamment souligné que la valorisation des actions avait atteint « des niveaux proches des plus hauts historiques », alimentant ainsi les craintes d’une surévaluation générale.
L’inquiétude se focalise principalement sur le Nasdaq, le marché où s’échangent la plupart des grandes valeurs technologiques américaines. L’indice Nasdaq 100, qui a enregistré une hausse de 31 % en six mois et a atteint son dernier record le 8 octobre, représente près de 38 fois les bénéfices attendus pour les douze prochains mois. Ce ratio est significativement supérieur à celui du S&P Global Ratings, qui se situe autour de 28, lui-même déjà bien au-delà de sa moyenne historique, proche de 15. Cette concentration des performances des entreprises technologiques est jugée « insoutenable » par Goldman Sachs, qui note que « les 10 plus grosses entreprises américaines représentent près d’un quart de l’ensemble des marchés actions ».