
Les collectivités territoriales expriment leur profonde indignation suite à l’annonce par François Bayrou d’un effort de 5,3 milliards d’euros d’économies en 2026, visant à redresser les finances publiques. Cette somme représente le double de leur contribution en 2025, ce qui a provoqué un tollé général parmi les élus locaux. Le Premier ministre a justifié cette mesure en déclarant que les collectivités devaient prendre leur part, leurs dépenses ne devant pas progresser plus vite que les ressources de la nation. François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire, a précisé que cette contribution représente 13% de l’effort global, un chiffre inférieur à la part des collectivités dans la dépense publique (17%).
Les collectivités ont déjà été fortement sollicitées pour le budget 2025, avec 2,2 milliards d’euros d’économies, notamment via une ponction d’un milliard d’euros sur leurs recettes fiscales. Ce mécanisme de « lissage » sera reconduit en 2026, à un niveau plus élevé, sans précision sur le montant exact. André Laignel, président du Comité des finances locales (CFL), qualifie ces économies d’« inacceptables » et menace d’appeler le Parlement à refuser ce budget si les propositions sont maintenues. Il craint que la facture réelle pour les collectivités n’atteigne 9 milliards d’euros, en incluant les réductions de budgets dans des domaines tels que la culture, la ville, les sports et l’aménagement du territoire. Nicolas Lacroix, représentant l’Assemblée des départements de France, souligne que les 5,3 milliards demandés aux collectivités dépassent l’effort de 4,8 milliards d’euros que devra faire l’État sur ses dépenses de fonctionnement.
Les Régions de France dénoncent une « part disproportionnée de l’effort » et refusent d’être la « variable d’ajustement des équilibres budgétaires de la nation ». Sébastien Miossec, président délégué d’Intercommunalités de France, estime que les mesures imposées sont « sans commune mesure avec leurs poids dans la dépense et dans la dette publique ». L’impact de l’« année blanche » annoncée par François Bayrou sur les prestations sociales inquiète également les départements, qui sont en charge du versement du RSA et de l’APA. Nicolas Lacroix déplore que cela « asphyxie les départements », jugeant insuffisant le soutien exceptionnel de 300 millions d’euros aux départements en difficulté, alors que l’Assemblée des départements de France réclamait 600 millions d’euros.
Le gel de l’évolution annuelle des recettes de la TVA affectées aux collectivités sera poursuivi en 2026, bien que de manière non intégrale comme en 2025. François Rebsamen a promis que la dotation globale de fonctionnement (DGF) ne serait pas abaissée en 2026. Cependant, les mécanismes de soutien de l’État à l’investissement des collectivités seront réduits, à l’exception de la part consacrée aux territoires ruraux et aux quartiers prioritaires de la politique de la ville. Cette situation génère une forte tension entre le gouvernement et les représentants des collectivités locales, qui craignent une dégradation de leurs capacités d’action et d’investissement au service des citoyens.