
Convaincre les employeurs du BTP que la prévention des risques professionnels n’est pas qu’un coût mais une source de performance économique est le défi relevé par la chaire Prévention et performance dans le BTP. Créée en 2019 par l’OPPBTP et CentraleSupélec, cette initiative pluridisciplinaire dévoile ses résultats, offrant de nouvelles perspectives dans un secteur où les accidents du travail restent malheureusement trop nombreux.
Le BTP est un secteur à risque : 149 salariés ont perdu la vie en 2023 des suites d’accidents du travail, selon la Caisse nationale d’assurance-maladie. Face à ce constat alarmant, la chaire s’appuie sur une vingtaine d’années de recherches scientifiques. Une étude de l’INRS et de l’université de Lorraine, publiée en 2023, a déjà établi un lien clair : une augmentation de 10 % des accidents du travail-maladies professionnelles (AT-MP) entraîne une baisse de 0,38 % de la productivité et de 0,24 % du profit dans les entreprises de moins de vingt salariés. Ces chiffres attestent de l’impact financier direct des accidents sur la rentabilité des entreprises.
Pour aller plus loin, la chaire a mené des travaux de recherche-action directement au sein d’entre entreprises partenaires, telles que Terélian (Groupe Vinci), Eiffage Génie Civil ou le groupe Legendre. Christian Michelot, enseignant-chercheur et cotitulaire de la chaire, explique : « Nous avons mené un gros travail théorique, et des travaux de terrain directement à partir des préoccupations des entreprises ». Ces recherches ont notamment abordé la sinistralité des intérimaires, particulièrement exposés aux accidents, ou l’intégration des nouvelles entreprises aux standards de sécurité d’un groupe. L’objectif est de fournir des méthodologies concrètes et des outils aux entreprises pour améliorer leurs pratiques et démontrer le retour sur investissement de la prévention.