
Au cœur du Bois de Boulogne, un phénomène alarmant prend de l’ampleur : un marché noir florissant d’hormones de transition, qui met en péril la santé de nombreuses prostituées transgenres sud-américaines. Ces femmes, souvent sous l’emprise de proxénètes et soumises aux fantasmes de leurs clients, recourent à ces substances illégales au détriment de leur bien-être physique.
Sofia, une Péruvienne transgenre de 40 ans, illustre parfaitement cette réalité. Ancienne infirmière dans son pays natal, elle est aujourd’hui contrainte de se prostituer le long de l’allée de la Reine-Marguerite. Elle aspire à quitter ce «travail» qu’elle n’aime pas dès qu’elle aura «payé sa dette», rêvant de reprendre ses études ou de trouver un emploi stable en France, un pays qu’elle décrit comme «doux à vivre». Malheureusement, Sofia est séropositive et tombe fréquemment malade, une vulnérabilité accrue par ses conditions de vie précaires.
Le recours aux hormones achetées illégalement est une pratique courante chez ces personnes transgenres qui, souvent, n’ont pas accès aux soins médicaux appropriés. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les professionnels de la santé ne réalisent pas toujours d’études épidémiologiques spécifiques sur les personnes transgenres, rendant difficile l’évaluation de l’impact du VIH dans cette population. L’achat d’hormones sur le marché noir expose à des risques majeurs, notamment l’utilisation de produits frelatés et le partage de seringues, augmentant ainsi le risque de contracter des infections telles que le VIH.
Les réseaux de proxénétisme jouent un rôle crucial dans cette spirale dangereuse, en poussant ces femmes vers la prostitution et en les incitant à utiliser ces hormones. La France est perçue par ces travailleuses du sexe comme une terre d’accueil offrant une prise en charge médicale gratuite et une tolérance envers les personnes transgenres et homosexuelles, des arguments utilisés par les passeurs pour les attirer. Certaines témoignages révèlent même que, par le passé, des personnes trans ont été poussées à se contaminer volontairement au VIH pour obtenir un titre de séjour et les aides associées, bien que ces pratiques aient cessé en 2018 pour les ressortissants d’Amérique du Sud.
Face à cette problématique complexe, il est impératif de renforcer les mesures de prévention et d’améliorer l’accès aux soins pour ces populations vulnérables, souvent invisibles et sujettes à de multiples discriminations.