Bernard-Arnault-Zucman-debate
Bernard Arnault, PDG de LVMH, a qualifié l'économiste Gabriel Zucman de "militant d'extrême gauche" et critique fermement sa proposition de taxe sur les très hauts patrimoines, jugée destructrice pour l'économie libérale.

Bernard Arnault, PDG du géant du luxe LVMH, a récemment qualifié l’économiste Gabriel Zucman de « militant d’extrême gauche » dont l’idéologie vise à « détruire l’économie libérale ». Ces propos, rapportés par le Sunday Times, soulignent une vive opposition aux propositions fiscales de Zucman, notamment une taxe sur les très hauts patrimoines.

Arnault a déclaré que Zucman « met au service de son idéologie […] une pseudo-compétence universitaire qui elle-même fait largement débat ». L’économiste propose de taxer à 2% par an les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, une mesure qui concernerait environ 1 800 foyers fiscaux en France. Cette idée est fortement soutenue par la gauche, qui y voit un moyen d’instaurer plus de justice fiscale, mais elle est vivement critiquée par le centre, la droite et le monde patronal, qui craignent des conséquences néfastes sur l’outil professionnel.

Le PDG de LVMH, dont la famille possède la première fortune française, estime que Gabriel Zucman présente une situation fiscale française « biaisée ». Il affirme être « le tout premier contribuable à titre personnel et l’un des plus importants à travers les sociétés » qu’il dirige. Pour Arnault, il ne s’agit pas d’un débat technique ou économique, mais d’une « volonté clairement formulée de mettre à terre l’économie française ».

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste, a réagi en critiquant le « manque de patriotisme » des ultra-riches qui « mendient l’aide de l’État mais ne se plient à aucune forme de solidarité ». Le groupe LVMH, qui regroupe plus de 75 marques telles que Louis Vuitton et Dior, a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 84 milliards d’euros en 2024. Selon Arnault, LVMH aurait payé près de 15 milliards d’euros d’impôt sur les sociétés en France sur dix ans.

La taxe Zucman suscite l’indignation des milieux d’affaires. Le Medef y voit un « frein à l’investissement », tandis que Nicolas Dufourcq de Bpifrance la qualifie de « truc absurde ». Patrick Martin, président du Medef, dénonce l’inclusion de l’outil de travail dans le calcul du patrimoine, une pratique que l’ISF ne mettait pas en œuvre. Amir Reza-Tofighi de la CPME parle d’une taxation « suicidaire ». Toutefois, certaines voix, comme Pascal Demurger de la Maif, appellent à des ajustements mais soutiennent le principe d’une contribution des entreprises et des fortunés au redressement des finances publiques.