
Une étude récente de l’Institut national d’études démographiques (Ined) met en lumière une baisse significative des intentions de fécondité chez les jeunes adultes en France. Cette tendance intervient dans un contexte de déclin de la natalité depuis plus d’une décennie. La fécondité est passée de 2,0 à 1,6 enfant par femme entre 2014 et 2024, soit une chute de 20 % en seulement dix ans.
L’étude de l’Ined, intitulée « Les Français·es veulent moins d’enfants », s’appuie sur les résultats de l’enquête Erfi 2, menée auprès de 12 800 personnes âgées de 18 à 79 ans en France métropolitaine. Elle révèle que les jeunes adultes envisagent désormais des familles moins nombreuses. À titre d’exemple, les femmes de 18-24 ans souhaitaient en moyenne 2,5 enfants en 2005, contre seulement 1,9 en 2024. Cette diminution de 0,6 enfant en vingt ans pour les femmes de moins de 30 ans suggère une baisse de la descendance finale pour les générations nées après 1985. Selon le démographe Laurent Toulemon, coauteur de l’étude, cette tendance pourrait s’accentuer pour celles nées après 1995.
Les projections de l’Ined ne prévoient pas de remontée des naissances. Les générations nées après 1985 devraient avoir moins d’enfants que les précédentes, avec une descendance finale variant entre 1,8 et 2,0 enfants pour la génération 1990, et entre 1,6 et 1,9 pour la génération 1995. Pour les femmes nées dans les années 2000, l’Ined estime une moyenne d’environ 1,6 enfant.
Malgré ces intentions de fécondité revues à la baisse, le modèle de la famille à deux enfants demeure prédominant. En 2024, 65 % des 18-49 ans considèrent que deux enfants est le « nombre idéal », contre 47 % en 1998. Ce chiffre est perçu comme un maximum plutôt qu’un minimum. Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), y voit un signe positif, indiquant que le désir d’avoir deux enfants, s’il se réalisait, pourrait entraîner une remontée de la natalité. Une étude de la Fondapol montre d’ailleurs que 70 % des Français de moins de 35 ans sans enfant souhaitent devenir parents, soulignant un désir persistant de parentalité en France.
Concernant les freins à la natalité, l’Ined note que la conception égalitaire des rôles homme-femme est associée à un nombre d’enfants souhaités plus faible chez les hommes. Les inquiétudes liées à l’avenir (changement climatique, crise économique) ont un impact marginal sur le désir d’enfant. Selon Laurent Toulemon, la diminution de la norme de la parentalité et une plus grande liberté de parole sur le fait de ne pas vouloir d’enfants ou d’en vouloir peu expliquent en partie cet écart entre les intentions déclarées et la fécondité réelle.