
La potentielle vente du quotidien Le Parisien à l’homme d’affaires Vincent Bolloré suscite une vive inquiétude au sein de sa rédaction. Depuis 2015, le journal est la propriété de LVMH, dirigé par Bernard Arnault, et des discussions concernant une cession auraient eu lieu cet été entre les deux hommes. Les représentants syndicaux (SNJ, SNJ-CGT, SGLCE-CGT) et la société des journalistes ont d’ailleurs adressé un courrier à Bernard Arnault, qualifiant cette perspective de « catastrophe ».
Les signataires de la lettre rappellent que Le Parisien, fondé en 1944, est un « grand journal » et un « acteur incontournable et singulier du paysage médiatique » français, reconnu pour son information locale et nationale de qualité. Ils insistent sur l’importance de ce titre comme « patrimoine français », engageant ainsi la responsabilité de LVMH. L’entreprise de Bernard Arnault a racheté Le Parisien en 2015, investissant depuis lors des dizaines de millions d’euros pour couvrir les pertes du quotidien, qui s’élèvent à environ 30 millions d’euros par an. En 2022, LVMH a même injecté 65 millions d’euros pour éponger les déficits du groupe de presse.
Le coût du journal pour LVMH pourrait être un facteur clé dans la volonté de se désengager, d’autant plus à l’approche d’échéances électorales majeures. L’entourage de Vincent Bolloré n’a pas commenté ces rumeurs, tandis que LVMH n’a pas répondu aux sollicitations. Les syndicats craignent qu’une vente à Bolloré ne livre le quotidien à une « idéologie militante d’extrême-droite », appauvrissant ainsi la pluralité de l’information en France. Ils exhortent Bernard Arnault à honorer ses déclarations faites devant la commission d’enquête du Sénat en janvier 2022, où il affirmait « œuvrer dans l’intérêt général et à la pérennité de titres irremplaçables » en tant qu’actionnaire de médias.






