
Le 13 juillet 1965 marqua une étape clé pour l’émancipation des femmes en France. La loi de réforme des régimes matrimoniaux leur accorda le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari, symbolisant une avancée majeure vers leur autonomie financière. Cependant, soixante ans plus tard, des inégalités significatives persistent, notamment dans le domaine de la Bourse et du patrimoine.
Selon une étude de l’Autorité des marchés financiers (AMF) publiée le 8 juillet, la part des femmes parmi les investisseurs particuliers actifs en France a diminué, passant de 30 % en 2022 à 25 % en 2024. Cette baisse s’explique par une forte augmentation du nombre d’investisseurs masculins de moins de 40 ans, tandis que la population des femmes investisseuses est restée stable. En 2024, on dénombrait environ 430 000 femmes actives sur les marchés boursiers, contre plus de 1,28 million d’hommes.
Plusieurs facteurs expliquent cet écart. Jeanne Lazarus, sociologue et directrice de recherches au CNRS, souligne que le patrimoine financier des hommes est en moyenne plus important, leur permettant ainsi de placer et de risquer davantage. Bien qu’aucun chiffre récent ne fournisse un écart moyen actualisé du patrimoine, une étude de l’Institut national d’études démographiques de juin 2020, basée sur des données de l’Insee de 2015, indiquait que cette différence s’était creusée, passant de 7 000 à 24 500 euros entre 1998 et 2015.
Ces disparités patrimoniales sont en partie liées aux inégalités de rémunération entre les genres. Malgré une réduction d’un tiers de l’écart salarial entre 1995 et 2023, selon l’Insee, les femmes gagnaient en moyenne 14,2 % de moins que les hommes en 2023 pour un temps de travail identique. Le chemin vers une pleine égalité financière et une réelle maîtrise du patrimoine reste donc un défi majeur pour les femmes en France.