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Les personnes autistes sont 160 fois plus à risque de noyade. Découvrez pourquoi l'eau les attire, les défis d'apprentissage de la natation et les solutions pour prévenir les drames.

Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) représente un défi majeur en matière de sécurité aquatique. Malgré une attirance fréquente pour l’eau, les personnes autistes ont un risque de noyade 160 fois plus élevé que la population pédiatrique générale. Cette triste réalité a été mise en lumière par une étude de l’Université de Columbia en mars 2017, analysant les décès survenus entre 1999 et 2014 parmi des personnes atteintes de TSA. Le Dr Guohua Li, épidémiologiste, a révélé que 28 % des décès chez les personnes autistes étaient liés à des blessures, principalement par noyade, et que l’âge moyen de leur décès était de 36 ans, soit 36 ans de moins que la population générale.

Plusieurs drames récents en France soulignent l’urgence de cette situation. Un enfant de onze ans dans le Val-de-Marne, un garçon de sept ans en sortie à Moulins, et une fillette de onze ans en Seine-et-Marne ont tous perdu la vie par noyade après avoir échappé à la surveillance de leurs encadrants. Tous étaient atteints de TSA. Ces incidents mettent en évidence la nécessité d’une vigilance accrue et d’adaptations spécifiques pour les personnes autistes autour des plans d’eau.

L’attirance pour l’eau chez les personnes autistes est un facteur clé. Selon Baptiste Mauro, psychomotricien spécialisé, cette fascination peut s’expliquer par la recherche d’un soulagement à l’anxiété dans la sérénité du milieu aquatique, ou encore par l’aspect visuel attrayant de l’eau. Le Dr Li insiste sur l’importance cruciale d’inscrire les enfants autistes à des cours de natation dès l’âge de deux ou trois ans, avant même d’autres thérapies, car savoir nager est une compétence de survie essentielle. Les fugues, un comportement courant chez les personnes autistes, combinées à une mauvaise évaluation du danger et une potentielle déficience intellectuelle, augmentent considérablement les risques d’accident.

L’apprentissage de la natation est souvent plus complexe pour les personnes autistes en raison de particularités sensorielles et motrices. Un déséquilibre dans le traitement de l’information sensorielle peut rendre les environnements aquatiques surstimulants (bruit, écho, odeur de chlore), perturbant la concentration et la planification des mouvements. De plus, les difficultés de coordination motrice, affectant entre 50 et 80 % des personnes autistes, rendent l’exécution des mouvements de nage plus ardue. Les problèmes de compréhension des consignes et la gestion des émotions, comme la peur de l’eau et de ne pas avoir un adulte à proximité, peuvent également freiner cet apprentissage.

Pour faciliter l’apprentissage de la natation, des adaptations personnalisées sont recommandées. Baptiste Mauro suggère d’évaluer l’impact fonctionnel du TSA (cognitif, sensoriel, moteur) et de commencer par une désensibilisation progressive. Autisme Info Service conseille d’adapter l’environnement (bouchons d’oreilles, lunettes teintées, choix de lieux et horaires calmes) et de mettre en place un système d’apprentissage progressif avec des félicitations régulières. L’individualisation, la créativité et la motivation sont des leviers essentiels pour aider les personnes autistes à acquérir cette compétence vitale.