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Pour la première fois depuis 1958, l'Assemblée nationale a voté un texte du Rassemblement national : une résolution demandant la dénonciation de l'accord franco-algérien de 1968, une victoire symbolique pour le RN sur l'immigration.

Le 30 octobre, un événement politique majeur a marqué l’Assemblée nationale : pour la première fois depuis l’instauration de la Ve République en 1958, un texte porté par le Rassemblelement national (RN) a été adopté. Cette résolution, visant à dénoncer l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, a été votée par 185 voix contre 184 lors de la niche parlementaire du RN. Ce scrutin, bien que non contraignant juridiquement pour le gouvernement d’Emmanuel Macron, revêt une portée symbolique historique pour le parti d’extrême droite.

L’accord de 1968, au cœur des débats, instaure un régime dérogatoire au droit commun des étrangers spécifiquement pour les ressortissants algériens en France, notamment en matière de circulation, de séjour et d’emploi. Le RN estime que ce statut privilégié n’est plus justifié. Marine Le Pen a salué cette « journée historique », y voyant une « marche » significative pour son parti, qui a toujours fait de la lutte contre l’immigration son sujet de prédilection.

Le vote a été rendu possible grâce au soutien des députés du Rassemblement national, de leurs alliés de l’Union des droites pour la République (UDR), ainsi que des voix des Républicains (LR) et d’Horizons, le parti d’Édouard Philippe. Cette alliance de circonstance a permis de briser le « cordon sanitaire » qui marginalisait traditionnellement le RN à l’Assemblée. Cependant, l’absence de nombreux députés de la majorité présidentielle lors du vote a été vivement critiquée par l’opposition de gauche. Le Premier ministre, Gabriel Attal, avait auparavant exprimé la nécessité de renégocier l’accord de 1968.

Malgré cette victoire symbolique, la résolution n’a pas d’incidence juridique directe. Seul le Président de la République peut dénoncer un accord international. Le gouvernement privilégie la voie de la renégociation plutôt qu’une dénonciation unilatérale, arguant que Paris n’aurait « rien à gagner à une aggravation de la crise » avec Alger. Pour l’instant, l’Algérie n’ayant pas manifesté son intention de revenir sur l’accord, les effets concrets de ce vote restent incertains.