employee-mental-health-at-work
Les indemnités journalières d'arrêt maladie ont atteint 10,2 milliards d'euros en 2023, en hausse de 6 % annuelle. Les troubles psychiques en sont la première cause. Les entreprises sont interpellées pour leur rôle dans cette augmentation.

Les indemnités journalières pour arrêt maladie connaissent une hausse annuelle de 6 %, atteignant le chiffre alarmant de 10,2 milliards d’euros en 2023. Cette augmentation est en grande partie due aux arrêts de plus de six mois, qui représentent la moitié de ces dépenses. Les troubles d’anxiété et de dépression des salariés sont identifiés comme la principale cause des arrêts de longue durée. L’Assurance maladie, dans ses propositions pour 2026, admet ne pas saisir pleinement l’ampleur de cette évolution.

Une analyse approfondie des arrêts maladie tend souvent à pointer du doigt les abus de certains salariés et la complaisance de certains médecins. En effet, quatre des cinq propositions de l’Assurance maladie visent ces deux acteurs. Cependant, Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Sécurité sociale, a soulevé un point crucial lors de son audition au Sénat le 8 juillet : le rôle des entreprises. Elle a interpellé l’assemblée en demandant pourquoi deux hypermarchés situés au même endroit pouvaient afficher des taux d’arrêts de travail radicalement différents, suggérant qu’il y a forcément une raison liée à la gestion interne.

Il est en effet souvent sous-estimé que 300 grandes entreprises, employant environ 4 millions de salariés, portent une responsabilité significative dans le nombre d’arrêts maladie pour raisons psychiques. Pour ces entreprises, parfois florissantes, un arrêt maladie de longue durée dû à un trouble anxio-dépressif peut paradoxalement être perçu comme un acte de bonne gestion. Cela leur permet, d’une part, de ne pas investir dans des conditions de travail durables, épuisant ainsi les salariés les plus motivés et écartant les plus vulnérables.

D’autre part, ce système offre un avantage financier non négligeable : se « débarrasser à moindres frais » des salariés. La Sécurité sociale prend en charge la moitié de leur salaire, et les assurances privées complètent le reste (6,7 milliards d’euros en 2024). Les grandes entreprises transfèrent ainsi une partie du coût de leurs salariés sur la collectivité, optimisant au passage leurs cotisations d’assurance privée.