
L’été se prolonge, mais une controverse inattendue a éclaté autour d’une figure pourtant intemporelle : Barbie. À Noisy-le-Sec, la projection en plein air du film éponyme a été annulée sous la pression d’un « petit groupe de quartier », marquant un signe inquiétant de recul des libertés, selon l’enseignante Ophélie Roque.
Ce groupe, dont la désignation reste volontairement floue, a exercé des pressions et proféré des menaces pour empêcher la diffusion du film. Leurs motivations ? La prétendue « apologie de l’homosexualité » et une « atteinte à l’intégrité de la femme », assimilant le film à une « censure morale » selon le maire de Noisy-le-Sec, Olivier Sarrabeyrouse.
Le maire communiste a préféré déprogrammer l’événement, craignant le vandalisme du matériel de rétroprojection. Cette décision fait écho à d’autres cas de censure d’œuvres culturelles en France, comme l’interdiction du film sur Charlie Hebdo à Saint-Ouen ou l’annulation de la venue du chanteur Amir aux Francofolies. Pour Ophélie Roque, cette situation est d’autant plus préoccupante que la France se retrouve aux côtés de pays comme l’Algérie ou le Koweït, où le film Barbie a été interdit pour des raisons similaires.
L’inquiétude majeure réside dans la « lâcheté » présumée de certaines municipalités de gauche, qui semblent paralysées face à la nécessité de réaffirmer les valeurs de la République et la laïcité. Le fait que les habitants de Noisy-le-Sec aient eux-mêmes choisi le film lors d’un vote ajoute à l’ironie de la situation.
Cette annulation est perçue comme un dangereux précédent. La censure, selon l’analogie d’Ophélie Roque, commence toujours par le déni d’un premier droit, puis d’un deuxième, jusqu’à l’érosion totale des libertés. La déception est palpable chez les familles et les jeunes filles, privées d’un moment culturel choisi par leur communauté, sous couvert d’une « bienséance » dont le message implicite serait une influence négative sur la construction de leur féminité.
Si l’interdiction parentale dans la sphère privée est regrettable mais admise, l’ingérence d’un « petit groupe de quartier » dans l’espace public est inacceptable. Cette soumission, comme l’a qualifiée Ophélie Roque, est d’autant plus amère que Noisy-le-Sec est au cœur de la France. La ministre de la Culture, Rachida Dati, a d’ailleurs dénoncé une « atteinte grave » et annoncé le dépôt d’une plainte pour « entrave à l’exercice de la liberté de diffusion de la création artistique ».