
L’annulation du colloque « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », qui devait se tenir les 13 et 14 novembre au Collège de France, a provoqué une vive polémique. Initié par Henry Laurens, titulaire de la chaire Histoire contemporaine du monde arabe, l’événement a été annulé par l’administrateur de l’institution, Thomas Römer, suite à des critiques le qualifiant d’« anti-israélien et décolonial ».
Cette décision a été prise malgré le rappel par Thomas Römer de l’importance de la liberté académique, inhérente au Collège de France. Il a toutefois invoqué la « stricte neutralité » de l’institution et le risque de troubles à l’ordre public pour justifier son choix. De nombreux universitaires ont dénoncé cette annulation, la considérant comme une « censure institutionnelle » et une atteinte grave à la liberté académique. Certains ont même appelé à la démission du ministre de l’Enseignement supérieur, qui avait exprimé ses inquiétudes quant à la tenue du colloque.
Cependant, une autre perspective soutient la décision de l’administrateur, arguant que cette annulation ne représente pas une atteinte à la liberté académique, mais plutôt une protection de ce principe. Selon ce point de vue, la liberté académique ne confère pas aux universitaires la liberté de tout dire ou de tout faire, mais garantit que leur production scientifique ne soit soumise à aucune pression extérieure au monde académique. Elle s’applique donc à la recherche authentique, et non au militantisme.
La controverse soulève des questions fondamentales sur la distinction entre la recherche universitaire et l’activisme. Tandis que les défenseurs du colloque dénoncent une instrumentalisation politique et une « cancel culture », les partisans de l’annulation estiment que le Collège de France, en tant qu’institution garante de la neutralité et de l’objectivité du savoir, ne doit pas devenir une plateforme pour le militantisme. Le colloque a finalement eu lieu dans les locaux du Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep), avec une diffusion en ligne.






