L’Allemagne a franchi en août 2025 le seuil symbolique des **3 millions de chômeurs**, une première depuis dix ans. Ce chiffre, publié le 29 août par l’Agence fédérale pour l’emploi (BA), a provoqué un véritable électrochoc dans un pays confronté à une récession persistante. L’annonce survient une semaine seulement après la publication d’un recul du PIB plus prononcé que prévu au deuxième trimestre 2025, affichant une baisse de 0,3 % contre 0,1 % attendu.
Les données révisées par l’institut Destatis le 22 août ont révélé que la récession qui a frappé l’Allemagne en 2023 et 2024 était en réalité bien plus profonde. Le PIB allemand a chuté de 0,7 % en 2023, et non de 0,1 % comme initialement estimé, et a reculé de 0,5 % en 2024, soit 0,3 point de pourcentage de moins que la précédente estimation. Face à cette situation, la ministre sociale-démocrate du travail, Bärbel Bas, a reconnu que « le vent contraire conjoncturel laisse toujours des traces sur le marché du travail et nécessite des mesures de riposte ».
Le modèle économique allemand, traditionnellement fondé sur l’industrie et les exportations, est mis à rude épreuve depuis 2022. Il subit les contrecoups de la flambée des prix de l’énergie, exacerbée par la guerre en Ukraine et l’embargo sur le gaz russe. De plus, le ralentissement des échanges avec ses principaux partenaires commerciaux, les États-Unis et la Chine, accentue la pression sur l’économie.
Le taux de chômage corrigé des variations saisonnières est resté stable à 6,3 %, mais le cap des trois millions de chômeurs marque un tournant significatif. Les entreprises, notamment dans le secteur manufacturier et le travail intérimaire, continuent d’annoncer des plans sociaux et de revoir leurs plans d’embauche à la baisse. Cette crise prolongée pousse à des appels à des « automnes des réformes » pour tenter de redresser l’économie allemande.
