
La plage du Ris à Douarnenez, dans le Finistère, est de nouveau envahie par des tonnes d’algues vertes. Ce phénomène, récurrent chaque année, soulève l’indignation des habitants, à l’image de Gildas Sergent et Thierry Mescam, tous deux marins à la retraite, qui dénoncent cette « saleté » qui défigure leur magnifique baie bretonne. Depuis la fin du printemps 2025, des pans entiers du littoral se transforment en champs d’ulves, dégageant une odeur nauséabonde d’œuf pourri en séchant.
Cette prolifération est la conséquence de décennies d’agriculture intensive en Bretagne, principale responsable de la saturation des cours d’eau en azote. Les nitrates issus de cette agriculture sont des nutriments essentiels qui favorisent la croissance rapide des algues dans les baies peu profondes et fermées, où les courants sont faibles. Ce problème n’est pas nouveau ; il a été observé pour la première fois en 1971 et n’a cessé de prendre de l’ampleur. La Bretagne, première région française pour la production laitière, d’œufs, de porc et de volaille, est particulièrement touchée en raison des rejets massifs de nitrates par les élevages industriels.
La décomposition des algues vertes sur les plages représente un danger sanitaire et environnemental majeur. Elle produit du sulfure d’hydrogène (H2S), un gaz toxique potentiellement mortel à forte concentration. Des cas de décès d’animaux, comme 36 sangliers retrouvés morts en 2013 dans les Côtes-d’Armor, et même d’humains, ont été liés à l’inhalation de ce gaz. Malgré la reconnaissance des risques par les autorités sanitaires, la mise en place de mesures de protection efficaces et un ramassage systématique sont cruciaux pour limiter l’exposition du public et des travailleurs. Le coût de ramassage de ces algues est également considérable, s’élevant à des millions d’euros chaque année.
Malgré les efforts de certains agriculteurs et associations, le modèle agricole actuel continue d’alimenter ce fléau. La colère monte parmi les citoyens et les élus locaux qui demandent des actions concrètes pour enrayer cette pollution persistante et protéger le littoral breton, un patrimoine naturel d’une grande valeur.