
Le nombre d’agressions recensées contre les médecins en France a presque doublé en trois ans, selon le rapport de l’Observatoire national de la sécurité des médecins. En 2024, 1992 incidents ont été signalés, marquant une augmentation de 26% par rapport à l’année précédente. Cette hausse spectaculaire confirme que la violence envers les professionnels de santé est devenue un problème structurel, fragilisant l’ensemble de la profession médicale.
Les médecins généralistes sont les principales victimes, représentant les trois quarts des signalements. Cependant, aucune discipline n’est épargnée : psychiatres, ophtalmologues, gynécologues, cardiologues et dermatologues ont également signalé plusieurs dizaines d’agressions. Les femmes médecins sont particulièrement touchées, constituant 55% des victimes déclarantes. La majorité de ces actes sont commis par les patients eux-mêmes, ou par leurs accompagnants dans 12% des cas, principalement sans armes, bien que des incidents avec couteau ou fusil aient été rapportés.
Les atteintes aux personnes représentent 76% des violences déclarées, incluant injures, menaces et harcèlement. Ces agressions sont souvent motivées par un « reproche relatif à une prise en charge », un « refus de prescription » ou un « temps d’attente jugé excessif ». La grande majorité de ces incidents (74%) surviennent en cabinet de ville. Parallèlement, les atteintes aux biens sont en forte augmentation, concernant 30% des signalements, contre 19% en 2023. Les vols d’ordonnances sont particulièrement préoccupants, facilitant l’accès à des médicaments détournés pour le marché noir.
L’Observatoire souligne que ces chiffres, basés sur des déclarations volontaires, ne représentent que la « face visible de l’iceberg ». Pour contrer cette spirale de violence, l’Ordre des médecins a signé une centaine de protocoles avec les parquets et les Agences régionales de santé pour accélérer les procédures judiciaires. La loi Pradal, promulguée en 2025, prévoit un alourdissement des sanctions et permet aux institutions de déposer plainte au nom des victimes, renforçant ainsi la protection des soignants.