
Les autorités talibanes ont imposé, lundi, une coupure nationale des communications en Afghanistan, quelques semaines après avoir commencé à restreindre l’accès à la fibre optique pour «prévenir le vice». Cette mesure drastique, ordonnée par le chef suprême Hibatullah Akhundzada, a plongé le pays dans un «black-out total», selon Netblocks, une organisation de cybersécurité. La connectivité fonctionnerait à moins de 1% de son niveau habituel. Un responsable gouvernemental, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a confirmé à l’AFP que la coupure durerait «jusqu’à nouvel ordre» et affecterait «le secteur bancaire, les douanes, tout le pays».
La coupure a commencé progressivement, avec la mise hors service de 8 000 à 9 000 pylônes de télécommunications. Cette décision fait suite à des restrictions partielles déjà mises en place début septembre, notamment l’interdiction de l’internet haut débit dans plusieurs provinces. Les services téléphoniques, souvent acheminés via les mêmes lignes de fibre optique, sont également impactés. Netblocks a expliqué que couper physiquement l’accès à la fibre optique entraîne inévitablement l’interruption des services de téléphonie fixe et mobile.
Le 16 septembre, Attaullah Zaid, porte-parole de la province de Balkh, avait déjà justifié l’interdiction complète de l’internet par fibre optique dans sa région comme une mesure visant à «prévenir le vice». Des restrictions similaires avaient été signalées dans d’autres provinces, telles que Badakhshan, Takhar, Kandahar, Helmand, Nangarhar et Uruzgan. Ces dernières semaines, les connexions internet y étaient déjà devenues extrêmement lentes ou intermittentes, préparant le terrain pour cette coupure généralisée.
Ironiquement, en 2024, le gouvernement de Kaboul avait vanté son réseau de fibre optique de 9 350 kilomètres, en grande partie construit par les précédents gouvernements soutenus par les États-Unis. Ce réseau était présenté comme une «priorité» pour moderniser le pays et le connecter au monde. Depuis leur retour au pouvoir en 2021, les talibans ont imposé de nombreuses restrictions, mais c’est la première fois que le pays connaît une coupure aussi étendue et systématique des communications.